Bezah Miyagi par Voicebless

Il y a un moment déjà que je connais Bezah Miyagi.
Je suis tombé sur un morceau de son ancien groupe La Méthode il y a quelques années et j’ai été convaincu instantanément. Un groupe unique qui déjà à l’époque possédait toutes les qualités qui selon moi font de bons artistes.

L’amour du flow, loin de la monotonie.
La dextérité lyricale pour rendre un art plus performant.
La qualité des beats pour convaincre à la première écoute que tu risque de perdre ta nuque dans un mouvement incontrôlé.
Tellement de choses à dire, sur la variété des techniques, des placements et des styles qui ont eu raison de moi dès le début.

Ne se reposant nullement sur ses lauriers, le groupe a su évoluer, se bonifier comme un bon vin, effectuer nombre d’apparitions radio, de concerts, de premières parties prestigieuses telles que : Tech N9ne, Pete Rock & CL Smooth, Method Man & Redman, Jurassic 5. On notera que au sein de ce dernier groupe, Chali2na a tellement apprécié leur prestation qu’il les a invité pour un bœuf sur scène. Ils ont aussi collaboré avec des artistes internationaux tels que Lady Leshurr, Reverie, Freestyle (Arsonists), Yarah Bravo et DJ Vadim, pour ne citer qu’eux . Je ne parlerais pas de la ribambelle d’artistes français qui ont validé le groupe, les ont soutenus et ont collaboré avec eux.

Malheureusement pour des raisons qui les concernent, le groupe se scinde.
J’ai pleuré toutes les larmes de mon misérable corps. Après avoir accusé le coup, j’ai compris que la séparation est parfois obligatoire pour pouvoir exprimer sa propre vision de la musique , de SA musique afin de pouvoir mettre ses inspirations à contribution dans le processus créatif. Cela permet d’aller au bout de sa vision et de parcourir son propre chemin artistique sans le moindre compromis (sauf si tu as tendance à être plusieurs dans ta tête).

Les membres de La Méthode sont tout de même restés actifs et le rap les en remercie mais nous ne sommes pas là pour parler du passé alors nous allons maintenant nous concentrer sur le travail de Bezah Miyagi, au cas ou vous ne l’auriez pas bien compris.

Son aventure solo est parsemée de freestyles et très rapidement l’idée de concevoir un album prend forme dans son esprit. Après de longs mois d’efforts, le projet est enfin dans nos oreilles. La création du disque s’est faite au départ sans aucune aide extérieure, grâce aux capacités auto-didactiques du MC, beatmaker et ingé son amateur avant d’envoyer le tout en studio pour le bouquet final (mix et mastering), le tout en auto-production.

Il y a tellement de choses a dire sur ce projet.
Tout y est parfait, du visuel de la pochette au contenu, rien n’a été laissé au hasard.
Le titre vous parlera si vous êtes familier avec l’univers du jeu vidéo : Shang Tsung, personnage de Mortal Kombat dont tout le monde se souvient car il est le boss de fin qui possède la capacité d’incarner tous les personnages du jeu. Le ton est donné .

L’album a pour ambition de casser des nuques et de briser des os, le tout sans omettre aucune fatality. C’est un projet lourd et varié qui possède la capacité d’explorer de nombreux styles tout en restant martial.

Il est temps de jeter une oreille attentive sur le contenu.

Dès l’intro on peut kiffer un lâché de scratches succulents réalisés par l’excellent DJ Daz qui n’est autre que le DJ du groupe IAM et qui accessoirement fut celui de La Méthode.

Je vais vous laisser découvrir le projet généreux de 19 tracks où un boom bap aux accents griseldesques (un véritable hommage au label de Buffalo) est posé sur un lit d’horrocore agrémenté de punchlines sévèrement martiales, le tout relevé par une sauce instrumentale épicée.

La tracklist incarne tellement bien le nom du projet.

Les flows sont posés au millimètre, parcourus d’acrobaties lyricales et même de douceur dans cet océan de proses kombat.

Mais je me dois de vous parler du premier track du projet, Mur Blanc, qui laisse entrevoir les capacités et l’efficacité du MC au micro mais aussi à la prod. Une fois que l’oreille a effectué son échauffement par l’intro et a été accrochée par ce premier track, l’écoute se fait en glissant d’un track à un autre avec une rare fluidité.
Les collaborations sont nombreuses et de qualité. On retrouve Blackk shadow en feat. et Mr. Scotch au refrain chanté sur le très smooth Time et avec la collaboration de Labo Klandestino. Mic Flow (du groupe Under Kontrol, qui a atteint le Graal en devenant champions du monde de beatbox en 2009) vient nous faire une instru beatbox sur une interlude.

Just Music Beat, qu’on ne présente plus, est à la production sur un morceau que je vous laisse découvrir ainsi que Mofak sur un morceau planant ou encore La Méthode au complet sur le morceau Fais Tourner.

Bezah Miyagi a su s’entourer de personnes efficaces dans tout les domaines : DJ, MC’s, beatbox, producteurs, infographistes, jusqu’au prestigieux One ID Studio de Rennes, rien n’a été laissé au hasard.

Ce projet est une pépite, dont la conception fut minutieusement élaborée. Je souhaite au plus grand nombre de pouvoir se procurer ce Shang Tsung pour détacher vos oreilles des tas de projets musicaux insipides qui inondent abondamment les médias.

Si la musique était un art martial, il s’appellerait Bezah Miyagi. Il fait partie des rappeurs qui méritent amplement d’êtres connus et reconnus.

Bezah Miyagi a déjà des artistes réputés dans la poche. Je compte donc sur vous pour la prochaine étape qui est de le faire connaître au plus grand nombre en acquérant ce projet conçu avec les tripes.

Vos vies ne seront plus un long fleuve tranquille. Protect your neck !

Chronique écrite par Voicebless.

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