Tout vient à point à qui sait attendre. Après des apparitions remarquées à la fin des années 1990, JP Manova a attendu 2015 pour sortir son premier album solo. Longtemps discret, il s’est pourtant forgé une réputation de mystérieux surdoué du rap game. L’homme invisible sort de l’ombre et nous livre ses secrets !
Les débuts
Quelle-est donc la véritable identité de JP Manova ? Peux-tu te présenter et nous dire d’où tu viens et où tu as grandi ?
Je suis né aux Abymes en Guadeloupe. J’ai grandi avec ma mère puis on est venu en métropole, à Paris, quand j’étais enfant. On a d’abord habité dans le 11e arrondissement, rue Oberkampf, puis dans le 18e à Barbès. Même si on vivait en métropole, j’allais souvent en Guadeloupe. Quand il s’agit de parler de mon identité, je laisse les autres le faire, moi j’aime bien me définir dans ma musique.
Tu voyages régulièrement en Guadeloupe dis-tu, quel lien as-tu tissé avec l’île et comment décrirais-tu la culture Hip Hop en Guadeloupe ?
Depuis mon arrivée en métropole, je multiplie les allers-retours entre ici et là-bas donc j’ai forcément un lien hyper fort avec l’île. La Guadeloupe fait partie de mon identité. Plutôt que de parler de culture Hip Hop, je parlerais de culture musicale de façon globale. Le patrimoine de l’île est tellement riche et métissé. Au niveau sonore ce qui définit la musique de la Guadeloupe c’est le fort marqueur rythmique. Dans les premiers beats que je faisais, on sentait cette influence chez moi. Une fois en studio, je bossais sur une instru rap et quelqu’un m’a carrément demandé : « tu fais du zouk ou quoi ? » (Rires)
Tu as connu le Hip Hop dès son arrivée en France en tant que mouvement, peux-tu nous raconter quel a été ta première rencontre avec la culture Hip Hop ?
Ma première rencontre avec le Hip Hop s’est faite grâce à la télé. Avec ma famille, on regardait H.I.P. H.O.P. de Sidney sur TF1. C’était le premier noir avec sa propre émission. Je rigole toujours en repensant à ces moments. J’essayais de faire quelques pas de danse, et franchement j’étais chaud en breakdance (Rires). Aujourd’hui les gens essayent de s’accaparer la culture des noirs américains mais les noirs américains ne sont pas ceux de France, et ça me fait rire parce que durant cette période, dans notre tête, on se prenait tous pour des noirs américains (Rires). Ce qui nous a frappé c’était de voir des renois à l’écran. C’était quelque chose de fort. À l’époque, il n’y en avait pas à la télé en France. Les seules fois où on voyait des noirs à l’écran, c’était pour des publicités concernant la pauvreté et le sida. Le Hip Hop a marqué le début d’une représentativité. Une image différente était véhiculée. Les rappeurs dégageaient de la puissance et du charisme. Ils parlaient de leur quotidien et tout de suite j’étais sensible à ce discours. Dans la rue il y avait tellement de mouvements identitaires qui se confrontaient. Le Hip Hop et le rap étaient des haut-parleurs pour dire qu’on existe et affirmer qui on est. Il y avait un côté révolutionnaire, le fait d’être libre, autonome et autodidacte.
Tu t’es rapidement mis à la musique, qu’est-ce qui t’as poussé vers le rap ?
L’année 1995 a été un tournant. J’étais en Guadeloupe, et je me suis mis à capter des rappeurs là-bas. Il y avait un gros délire Hip Hop à l’époque. La Guadeloupe est à seulement quelques kilomètres des States, donc ça renforçait cette ambiance. Je voyais beaucoup de monde freestyler. J’ai rencontré Médard, d’Alliance Ethnik. Et là ça freestylait H24 ! Je voulais absolument avoir cette capacité à être bon en impro. J’ai commencé à bosser, puis j’ai progressé. J’échangeais beaucoup avec Médard sur mon évolution. Je suis rentré en France avec cette mentalité. Dans le 18e il y avait également de quoi faire. Ça rappait de partout, et quand il y avait un mec doué ça se savait vite tellement on était plongé dans cette effervescence autour du rap. C’est à partir de là que j’ai eu mes premières opportunités.
Durant cette période tu as bossé avec Doc Gynéco sur le projet Liaisons Dangereuses. Peux-tu revenir sur cette collaboration ?
À l’époque Gynéco avait invité beaucoup de monde pour participer à la compilation. Quelques-uns ont ensuite été retenu pour la version finale. Je le remercie pour son invitation, même si finalement on n’a pas pu vraiment échanger. Ce que je retiens le plus de cette expérience c’est ma rencontre avec les Rita Mitsouko. On a vraiment passé de beaux moments. Suite à cette collaboration, on m’a fait beaucoup plus de propositions. Je n’étais pas vraiment emballé. Je me sentais différent et je voulais marquer le game avec ma propre identité mais j’avais l’impression qu’on me poussait plutôt à standardiser mon style. J’étais accroché à l’idée que pour faire de la musique il faut avoir de l’expérience et maîtriser son sujet. Je voulais faire des sons qui correspondent à ma vision, c’est ce qui m’a poussé à prendre mon temps.
Tu as commencé sous ton vrai nom JP Mapaula puis tu as choisi le pseudo JP Manova, quelles raisons t’ont poussé à changer ? Pourquoi avoir choisi ce blaze ?
Mapaula c’est le nom de la famille. Je me suis dit que si les choses viennent à mal se passer dans la musique, cela aurait un impact sur plusieurs personnes. J’ai également changé de nom car je souhaitais quelque chose de plus personnel. À mon sens, un artiste se doit d’avoir sa propre identité. Manova, c’est un test statistique. Je pensais qu’il y avait peu de chance de percer dans le rap. Je me suis toujours dis que plusieurs facteurs entraient en considération pour ça, donc j’ai choisi ce blaze.
Ta mère t’avait inscrit à la chorale quand tu étais enfant. Au niveau artistique, quels sont les apports de tes qualités de chanteur sur ton rap ?
La chorale c’était toute une histoire. Ma mère m’y avait inscrit pour me canaliser (Rires). Le plus drôle c’est que j’y ai rencontré Claude Morville, le frère de Joey Star. Lui aussi était à la chorale parce que sa mère voulait le canaliser (Rires). Au niveau artistique cette période m’a apporté des bases musicales et des connaissances en termes d’harmonies. En revanche, la structure était trop formatée au niveau de la découverte des genres musicaux.
Un long CV
Tu as travaillé avec beaucoup de rappeurs : Ekoué, Flynt, la Scred Connexion, Seth Gueko, Rocé, etc… Parmi toutes ces belles collaborations, quelles sont celles qui t’ont particulièrement marqué et pourquoi ?
Parmi toutes les personnes avec qui j’ai bossé ou que j’ai rencontré dans le rap, il serait trop difficile et injuste de faire ressortir certains plutôt que d’autres. J’ai eu la chance de nouer des affinités avec pas mal de gens. Ce qui m’a valu d’avoir de belles anecdotes à raconter. D’ailleurs je vais t’en raconter une (Rires). Un jour, ça fait très longtemps, je marchais dans le 18 avec Rocé, puis un petit jeune m’interpelle et me dit « Excuse-moi, t’es pas JP Mapaula ? ». C’était complètement dingue parce qu’à l’époque je n’avais encore rien sorti et il n’y avait aucune photo de moi qui circulait. Le petit nous demande : « Moi aussi je rap comme vous, je voudrais voir votre studio s’il vous plaît » Bon, avec Rocé on est un peu surpris mais on se dit tranquille, ça coûte rien. On le fait monter en cabine. Il s’installe. Puis là, il nous lâche un couplet complètement ouf ! Ce petit là…. c’était Seth Gueko (Rires). Cette anecdote me fait tellement rire parce qu’aujourd’hui Seth Gueko a bien évolué même si à l’époque il bossait déjà avec son pote Yoni. C’est en travaillant en studio dans le 18e que j’ai pu faire plein de belles rencontres comme celle-là et voir beaucoup d’artistes du coin émerger : 1995, Haroun, la Sexion d’Assaut qui était très nombreuse à l’époque, la Scred et beaucoup d’autres encore.
Y’a-t-il un artiste en particulier avec qui tu aurais aimé et/ou tu aimerais travailler à l’avenir ?
Oui MC Solaar ! Ce serait vraiment le gros kiff pour moi.
On te décrit comme un rappeur mystérieux et discret mais doué techniquement ? Est-ce que tu ferais la même autocritique de toi en tant qu’artiste ?
Tu m’apprends des choses sur moi (Rires). Je ne fais pas toujours attention à ce qui se dit à propos de moi, mais ça m’intéresse quand on vient m’en parler. Je suis de nature à foncer, à proposer des choses, puis voir les réactions après. Je ne sais même pas si aux yeux du public je passe pour un ancien ou plutôt un nouveau. Je propose et je ne me cloisonne pas dans les histoires de générations. Parfois je me trouve même plus frais que certains mecs de maintenant (Rires). Moi, je me vois plus comme un chercheur. Un artiste est toujours en recherche de soi, il est en quête de nouveautés et de connaissance. Au travers de son art, il exprime les résultats de cette recherche. C’est comme ça que je me vois.
Tu aimes les textes bien travaillés et tu t’intéresses à la littérature, quels-sont tes auteurs et tes livres préférés ?
Avant de choper le virus du rap (Rires), j’avais des K7 de morceaux qui passaient à la radio. J’aimais beaucoup la chanson de Jacques Brel où il répétait « les bourgeois c’est comme des cochons ». Au moment de mes 12 ans, je me suis mis à creuser pour en découvrir plus. J’allais à la médiathèque de Beaubourg pour écouter ses albums. Je me suis également intéressé à d’autres artistes et l’écriture me fascinait. L’intérêt pour la littérature s’est développé naturellement. Guy de Maupassant, Emile Zola, j’appréciais également les poèmes de Victor Hugo, notamment le recueil La légende des siècles. Aujourd’hui mes goûts se sont diversifiés, j’aime beaucoup la littérature noire américaine avec Richard Wright et son roman Black Boy notamment. En ce moment, je m’intéresse beaucoup aux auteurs et analystes qui écrivent sur la société comme Amélie Lebrun ou Guy Debord (La société du spectacle).
Quelle comparaison pourrais-tu faire entre musique et littérature ?
La lecture et le rap sont vraiment deux moyens de voyager. Beaucoup redécouvrent même le goût et la puissance de la lecture en prison ! Les livres sont des mines d’or pour s’enrichir culturellement et avoir de vraies choses à dire ! Aujourd’hui je trouve qu’il y a un véritable déficit en termes de diversité des thèmes dans le rap. Les MC’s racontent les mêmes choses avec le même mode de storytelling. Je regrette qu’il y ait cette uniformisation du discours. Les jeunes ne sont pas remplis de rien, mais ils sont remplis du même truc et semblent tous vivre le même film. Je fais un peu dans le cliché mais en gros tous te disent qu’ils sont jeunes, qu’ils veulent tout péter, que la vie n’est pas facile, qu’ils veulent mettre bien la famille et la mama. Certains sont plus doués que d’autres dans leur narration. Il y en a quelque-uns avec des flows originaux, mais globalement les sujets abordés sont les mêmes. La lecture peut vraiment être une alternative à cela mais en réalité le problème est plus profond. Dans notre société notre rapport à la lecture n’est pas toujours bon parce qu’à l’école on lit des choses qui ne nous concerne pas forcément. On ne s’identifie pas aux ouvrages donc en grandissant on se déconnecte vite de la lecture.
19h07
C’est finalement en 2015 que tu sors ton premier album intitulé 19h07. Il reçoit énormément de critiques élogieuses. Comment as-tu vécu cet engouement ?
J’avoue que je ne savais pas du tout à quoi m’attendre avant de le sortir. J’avais vraiment pris mon temps pour effectuer une vraie recherche artistique et faire preuve d’authenticité. Je ne m’attendais pas à cet engouement et à une telle diffusion radio, notamment sur Mouv’, Générations ou même France Inter, à ma grande et agréable surprise. Suite à cela, mon téléphone s’est mis à sonner beaucoup plus souvent. C’était agréable mais déstabilisant car d’habitude mes appels concernaient toujours les mêmes personnes. Je suis un homme qui gère souvent ses projets en mode solo donc je n’étais pas préparé à ça. Je n’avais personne pour assurer une tâche d’assistant et remplir un rôle de community manager. Moi je passe beaucoup de temps dans la prod et la compo. Je me dédie énormément à l’écriture. Il aurait fallu que je délègue. À cause de ça j’ai vite été débordé. J’ai commencé à dire oui à beaucoup de choses. Moi qui suis de nature à privilégier l’humain, je suis sorti de ma bulle, j’ai voyagé et c’est une excellente chose. Le seul bémol c’est que je me suis un peu éloigné de mon développement artistique. Après tout cela, ce n’était pas facile de me recentrer sur mon projet.
Dans 19h07, tu collabores de nouveau avec Rocé, vous avez une relation particulière ensemble. Peux-tu nous expliquer ce lien ?
Rocé est l’un des premiers avec qui j’ai voulu faire un feat quand j’avais le studio à Salam Aleykum dans le 18e. On avait un pote en commun, DJ Mehdi. À cette époque tout le monde parlait de Rocé et son morceau Ricochets. De mon côté, je n’étais pas connu mais je sortais beaucoup. Un jour, Mehdi me capte à Bastille et il me présente Rocé. C’est drôle car ce jour-là on ne s’est pas dit grande chose mais par la suite on a bien accroché. On a naturellement lié une amitié forte. Je l’ai aidé dans sa discographie et dans ses albums. Lui m’a beaucoup encouragé au mix. Il m’a aussi fait goûter le plaisir de la scène ! C’était fou, dans certains déplacements les gens me connaissaient alors que j’étais hors système ! Un jour, mon pote Flynt me disait même que certaines personnes m’avait réclamé à Toulouse, alors que j’étais discret à l’époque. J’en suis encore étonné aujourd’hui.
Tu es producteur, compositeur, arrangeur, la liste est longue. Quel est ton secret pour gérer toutes ces activités et être bon dans chaque domaine ?
Je souffre (Rires). C’est vrai que je ne me vois pas seulement comme un rappeur, j’aime toucher à plusieurs choses. Après 19h07, j’ai vraiment réalisé à quel point c’est important de bien s’entourer pour aller loin et accomplir plusieurs projets ! Le challenge c’est de trouver des gens avec ta vision !
Après le succès de 19H07, cela ne te mets pas un peu la pression pour ton second album ?
Je fais abstraction d’une éventuelle pression de la part du public. L’exigence est plutôt orientée sur moi-même. Je m’efforce de rester authentique et dire ce que je veux vraiment dire. Je me fixe également un challenge par rapport au temps. Ne pas prendre 100 ans à sortir cet album et bien préparer sa sortie.
D’ailleurs ce second album, sa sortie est-elle vraiment prévue en 2032 ? Ça fait pas un peu loin ?! (Rires)
Je vais t’annoncer une exclu (Rires) : il se pourrait bien que ça soit pour cette année et peut-être que je sortirais également plusieurs autres projets !
L’importance de la transmission
Tu as une grande culture rap et beaucoup d’expérience. Mis à part le rap français et celui des USA, écoutes-tu du rap venu d’autres pays ?
J’écoute du rap belge, c’est le nouveau rap français (Rires). J’aime bien ce qui se fait en Italie aussi. De façon générale, j’écoute beaucoup de musique brésilienne. Je suis un vrai passionné ! Après j’apprécie énormément le son du Nigeria, l’afro beat avec des artistes comme Wizkid ou encore Yemi Alade. Je suis également un gros fan de la musique au Royaume-Uni et en Jamaïque avec le grime. S’enrichir de tous ces styles permet de transmettre une vraie culture musicale.
J’imagine que c’est difficile de choisir, mais si tu devais faire un top 5 de tes rappeurs favoris, que dirais-tu ?
Ça dépend des jours. La musique c’est beaucoup de feeling, une transmission d’émotions. Difficile de faire un classement figé. En raison de mon humeur du jour je dirais :
Busta Rhymes
A$ap Ferg
Jid
Method Man
Jay-Z (pour son parcours et l’empreinte laissée).
La musique et le rap évoluent, que penses-tu de la génération actuelle ?
J’ai le sentiment qu’on est entre deux époques. C’est une période de transition, comme dans les 90’s avant que le Hip Hop explose. À ce moment-là, il y avait la révolution électronique, la mode des boys band. Le Hip Hop est arrivé et a tout renversé. Aujourd’hui c’est la révolution du home making. On peut produire depuis chez soi. Le problème pour moi c’est que de nombreux beatmakers font la même musique en utilisant les mêmes outils. Il y une uniformisation du savoir-faire et des méthodes. Dans le rap actuel, il y a beaucoup de personnes mais peu de personnalités ! Chez certains, la démarche n’est pas toujours artistique mais plutôt commerciale. Notre génération perçoit la musique comme un véritable moyen de faire de l’argent. Il y a aussi la dictature des vues et des likes. On privilégie la standardisation en faisant ce qui plaît à la masse. Je ne rejette la faute sur personne. Il n’y a rien à regretter ou à déplorer, on fait juste le constat des réalités de l’époque dans laquelle on vit.
Comment imagines-tu l’avenir du rap français dans 20 ou 30 ans ?
Je crois qu’on va revenir à quelque chose de plus fondamental, c’est à dire une musique qui va représenter l’époque. L’actualité d’aujourd’hui nous montre qu’on ne pourra plus vivre comme avant et cela va influencer les textes. Cette époque nous transmet une mentalité différente. Je pense que ce sera un temps où il va falloir laisser la parole à des gens qui ont de vraies choses à dire. Le vide laissé par les artistes qui ne se prononcent pas sur des sujets sérieux ouvre le champ à cette évolution. Il va falloir se demander, en tant que société, quel rôle on donne à l’artiste.
On va réfléchir à qui est artiste et qui ne l’est pas ? Un « divertisseur » pour oublier la dureté de notre temps ou un relais qui raconte ce qui s’y passe ? Si tu me poses la question, pour moi un artiste n’a pas forcément d’obligations mais sans vouloir offenser qui que ce soit, aujourd’hui certains ne sont pas des artistes mais des commerciaux. L’art est dépossédé par le business qui marque l’époque actuelle. À mon sens, une œuvre artistique est une création qu’on ne duplique pas. C’est quelque chose qui ne ressemble à rien d’autre. La question est de savoir si le temps va remettre cette définition de l’artiste et son œuvre au cœur des choses.
Au sens large, qu’est-ce que le Hip Hop représentait pour toi à tes débuts et que représente-t-il pour toi aujourd’hui ?
À mes débuts le Hip Hop représentait une façon d’envisager l’artistique. Mon opinion n’a pas trop changé avec le temps, elle s’est affinée. Aujourd’hui, le Hip Hop pour moi c’est d’abord un état d’esprit plutôt que des personnes. Je transmets cette vision lors d’ateliers où j’invite les jeunes à faire sortir ce qu’ils sont au fond d’eux.
Effectivement, la société change et le Hip Hop aussi. Selon toi, quelles sont les valeurs ou les caractéristiques uniques au Hip Hop en tant que courant ? Quel est sa définition de base ?
À l’origine, il y un vrai marqueur contestataire dans le Hip Hop. Tant qu’il y aura des situations d’urgence et des cris à pousser, le Hip Hop fera entendre la voix de ceux qui ont des revendications. Pour moi le plus important, c’est la capacité de mouvement à façonner des individus autodidactes. Le Hip Hop c’est la culture des gens autonomes, mais aussi de la transmission. Toujours redonner ce que tu as appris. D’ailleurs je trouve que ça, les danseurs le font mieux que les rappeurs.
Au départ le Hip Hop englobait quatre disciplines artistiques. Aujourd’hui, elles sont autonomes les unes des autres. Par exemple, il est de plus en plus rare de voir des danseurs Hip Hop dans les clips de rap ou même sur scène durant les concerts. Que penses-tu de cette séparation ?
Il faut faire la différence entre ce qui se passe dans le Hip Hop et ce qui se passe dans le rap. L’univers de la musique a beaucoup évolué. Le monde de la danse reste quant à lui très autonome et indépendant. Ils ont leurs événements, leurs shows et leurs compétitions.
T’intéresses-tu aux autres disciplines comme le DJing, le graffiti ou les battles de danses ? Quels sont les artistes que tu apprécies ?
Oui bien sûr je m’intéresse à d’autres disciplines que le rap. J’aime accompagner certains potes graffeurs dans leurs expéditions (Rires). Je suis aussi en contact avec le monde de la danse. J’apprécie beaucoup Coco, la danseuse de Krump dans mon clip Longueur d’onde. Je suis fan d’ Ykanji, le fondateur de Juste Debout. En DJ, j’aime beaucoup DJ Emii, gagnante du Red Bull 3Style France en 2017.
Peux-tu nous donner tes coups de cœur dans chaque discipline Hip Hop ?
C’est difficile de choisir parmi tant de talents mais je me prête au jeu en donnant deux coups de cœur : DJ Premier et Les Twins .
Ton mot de la fin ? Une dédicace ?
Bientôt de retour ! Hâte de refaire des concerts !
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Interview réalisée par David Mabiala – Merci à Haska pour ses photos.