Les Parasites
Il Était une Fois…
Année : 2020
Format : EP 8 titres
Production : Aelpeacha, El Gaouli, Dee Hein
Il était une fois Les Parasites : Ramel et Zorba, deux grandes Bouches du Rhône aux langues bien pendues et à l’accent chantant, qui viennent « remettre au goût du jour le rap sans auto-tune ». Les auto-proclamés « Dumb & Dumber de la musique » ont fraîchement sorti Il était une fois, un premier EP 8 titres composé de prods d’El Gaouli, Dee Hein et Aelpéacha et mixé et masterisé par ce dernier.
L’histoire du groupe commence en 2016, mais les deux MC’s quadragénaires se connaissent depuis l’adolescence, ont partagé ensemble 25 bonnes années de rap, de prises de mics, de scènes et de projets divers au sein de plusieurs formations, ce qui se ressent fortement dans le projet dont on parle ici tant la complicité et la maturité des protagonistes sautent aux oreilles. Au-delà du rap, c’est une véritable passion pour la culture Hip Hop et le désir d’indépendance qui unissent Ramel et Zorba.
Soyons clairs, l’accent bien marqué des deux compères et les nombreuses références au sud de la France, notamment dans le morceau Il était une fois le 13, ne font pas pour autant de cet EP une « parodie pagnolesque ». Nous avons bien affaire à du rap pur et dur et non à un remake provençal de Manau qui viendrait chanter la cigale et la fourmi… On retrouve donc ici 8 titres de rap « orthodoxe » comme dirait AKH, sur des prods tantôt boom bap, tantôt G-funk, sur lesquelles les deux compères abordent souvent avec légèreté et humour des sujets profonds. C’est d’ailleurs dans ce domaine que Les Parasites excellent, nous offrant tout au long de ce projet des lyrics qui peuvent faire esquisser un sourire tout en restant très pertinents : « Car ici y a collègues même si pas de boulot » , « pas de clash, la maternelle c’était y a 30 piges, à défaut de mentir je rappe comme je respire » ou encore « j’arrive comme un contrôle surprise de prostate et je reste à ma place comme Rosa Parks ». Avec cet EP Ramel et Zorba montrent avec brio que l’on peut traiter de thèmes sérieux, sans pour autant se prendre au sérieux et que l’on peut être conscient d’un tas de choses et revendiquer, sans se montrer dépressif, moralisateur ou haineux, et ça fait du bien.
Concernant la forme, Il était une fois est un projet qui va à l’essentiel, c’est du rap brut sans fioritures. En effet, les 8 titres qui composent cet EP se veulent efficaces, avec des prods épurées, des flows aérés et pas de backs à outrance. Il en va logiquement de même pour le mixage de cet opus, très peu d’effets, pas de chichis. Les Parasites ne sont clairement pas ici dans la démonstration technique, non pas qu’ils n’en soient pas capables, c’est juste que les concours de bites c’est pas leur truc. Du coup cette simplicité rend le tout très perceptible, agréable à écouter, ça respire. Ce qui permet à l’auditeur de se laisser porter, sans être distrait par des détails superflus ou d’éventuels cache-misères.
Pour conclure, si je devais décrire Il était une fois en un mot, ça serait « authenticité ». Ça peut paraître cliché ou téléphoné mais quand on écoute cet EP et que l’on connaît un minimum l’état d’esprit majoritaire du rap aujourd’hui, on ne peut qu’être d’accord. Et puisqu’on y est, il est vraiment agréable d’avoir affaire à des gars qui semblent n’avoir rien à prouver à personne hormis à eux-mêmes.
Les Parasites inspirent la sympathie, respirent la pertinence et j’ai la conviction que ce projet mis à l’honneur dans cette chronique pourra séduire un panel assez large d’auditeurs, qu’ils soient grands amateurs de rap ou non. Cet opus et sa simplicité font du bien à une époque où tout semble compliqué. Les Parasites ce sont les bons collègues que t’as pas vu depuis longtemps et que t’es vraiment content de retrouver, la bonne vieille bouteille de vin que t’avais un peu oublié et que tu te réjouis de sortir de la cave.
Chronique écrite par Manimal
Retrouvez aussi Les Parasites sur leur Bandcamp et sur YouTube.