Je pense qu’ils sont peu nombreux, les amateurs de rap qui n’ont pas entendu parler de Meek Mill et de sa légende. Son emprisonnement est symptomatique de l’ampleur et de la gravité des dysfonctionnements du système carcéral aux États-Unis. Son cas est particulièrement éclairant de par sa renommée due à sa place majeure dans le Hip-Hop aujourd’hui. En effet, que ce soit ses premières mixtapes jusqu’à sa signature chez Maybach Music, le clash avec Drake et les relations qu’il a entretenues avec Nicki Minaj ou encore avec la justice américaine, Meek Mill a marqué la planète rap de son empreinte ces dix dernières années.

Malgré tous ses déboires récents, Believe est un morceau plein d’un espoir réaliste. Si le phœnix était une chanson de rap, ce son en serait un bon représentant. L’instrumentale est signée Rob Knox qui a travaillé avec Timberlake à de nombreuses occasions, notamment sur Love, Sex Magic en featuring avec Ciara et sur l’édition deluxe de l’album The 20/20 Experience Album où il produit les deux sons bonus.
Quatre notes de piano traversent toute la chanson comme pour souligner la simplicité du thème. L’effet crescendo menant au refrain est assuré par l’arrivée progressive des cordes, les violons d’abord, suivis d’une guitare électrique furtive. Toute sortie de crise commence par un engagement total et conduit nécessairement à un combat, contre soi ou contre autrui. La voix cristalline de Justin Timberlake est ainsi une indication claire à marcher la tête haute. Son refrain s’inscrit dans le présent et dans la continuité. « I still believe » y chante-t-il.

Tout comme le phœnix, la foi ne disparaît jamais vraiment. Elle se tient hors de portée sensorielle, en particulier celle de nos yeux. Elle change d’état. C’est ainsi qu’elle suit la loi de l’impermanence de toutes choses. En ce qui concerne Meek Mill, sa foi est son carburant pour régénérer son essence quand tout semble s’écrouler autour de lui. En ce sens, « Make sure you pray when you kneel » indique, dans ce clin d’œil à Colin Kaepernick, que la foi passera toujours avant le reste, même avant la guerre contre l’injustice.

Believe est une invitation à avancer avec conviction. Il admet lui-même « just puttin’ out energy so I can grab it » montrant ainsi sa confiance dans les lois de l’attraction. Il précise bien à ce sujet que ce qui l’attire depuis le début n’a rien de surprenant mais rien d’extravagant non plus. (« I want the money, ain’t never want attention »). Cette tranquille persévérance s’entend dans ses choix de rimes. Pour Meek Mill, bien connu pour ses capacités lyricales, le but avec ce titre n’est clairement pas d’impressionner mais d’inspirer. Comme un prêche ou une parabole provenant de son expérience qui nous pointerait du doigt le chemin à suivre : « Almost made me put my dreams on the shelf. I’m trippin’ (I’m trippin’) ».

Chronique par Michel KDB