Rappeur indépendant et entrepreneur, Nasme nous parle de son parcours et nous livre sa vision du Hip Hop moderne.

Bonjour Nasme, peux-tu te présenter?
Je viens de Paris nord, je suis un artiste rap, entrepreneur et organisateur de concerts un peu partout en France.

Pourrais tu nous dire comment tu as découvert le Hip Hop ?
Quand j’avais 7-8ans, mon grand frère faisait du break, il m’emmenait à ses répétitions dans une école à Vitry. Dans son équipe il y avait Sulee B, Stomy Bugsy et d’autres, qui plus tard deviendront des grandes figures du rap français, c’était dans les années 87-88. J’avais déjà eu l’occasion d’entendre quelques freestyles de rue à l’époque, mais la vraie claque, la révélation, pour moi c’était Rapattitude en 89. À partir de ce moment je n’ai plus écouté que du rap.


« Le plus fort des rappeurs peut vendre moins de disques que son propre fan qui l’imite. »


À l’origine le fond et la forme sont les bases primordiales pour avoir un titre rap parfait. Penses-tu que ce soit encore le cas aujourd’hui ?
Ça dépend juste de quel genre de titre on parle. Le titre parfait commercialement ? Ou le titre parfait pour les puristes, celui capable de finir au rang de classique ? Je pense qu’il n’y a plus de règles. Aujourd’hui le public est plus large. À l’origine, il n’y avait que des oreilles averties chez les auditeurs, voire même des rappeurs, le cercle était assez restreint. Le plus fort des rappeurs peut vendre moins de disques que son propre fan qui l’imite. Il y a un public pour tout, l’image joue beaucoup aussi, plein de choses rentrent en compte (le buzz, etc…) On ne peut même plus parler de niveau. Avec les réseaux sociaux, les gens ne cherchent plus à savoir si tu es bon mais combien de gens t’aiment, combien tu as de likes ou combien de vues. C’est leur nouveau baromètre pour évaluer ton niveau. Je ne dis pas que c’est mal, même si je trouve que ça fausse le jeu. Faut juste bien se servir des outils d’aujourd’hui et savoir vivre avec son temps.

Nasme par LVD Photos
Nasme © LVD Photos

On t’a vu faire pas mal de collaborations avec le rappeur Flynt, que ce soit sur disque ou en live. Préparez-vous un album ensemble ou un nouveau Rap Théorie ?
C’est une question qu’on me pose souvent. Normal pour ceux qui nous ont vu en live. On fonctionne quasiment comme un groupe, mais non aucun album n’est en préparation. Quelques surprises peuvent arriver de temps en temps !

Flynt Featuring Nasme : Calme et posé – 2018

Depuis quand as-tu commencé le projet Biffmaker et pourquoi ?
J’ai monté Biffmaker il y a environ 6 ans. Au départ il y avait juste le nom, rien de concret derrière. J’avais juste des t-shirts, des sweats, des casquettes Biffmaker. J’avais organisé 3 ou 4 Biffmaker Party sur Marseille et un pote, Ali Le Chimique qui avait déjà monté un petit label à côté, m’a proposé de s’occuper de la paperasse. On a monté ça en boîte de production, édition et communication. L’idée c’était de découvrir et de sortir des talents, s’occuper des éditions d’autres artistes et en manager certains. De là est né le Biffmaker Shop dans le 18eme, premier magasin de France spécialisé dans le rap indépendant. Au-dessus on avait nos bureaux et au sous-sol, le Biffmaker Studio où on a pu commencer à enregistrer nos artistes.


« À l’origine, dans le public, il n’y avaient que des oreilles averties. »


Combien d’artistes as-tu sur ton label et qui sont-ils?
Il y a Dem, un artiste qui a déjà 2 albums à son actif, un des tout meilleurs du rap français pour moi, un travailleur sérieux qui mériterait bien plus, et il y a Renno, on a fait partie du même groupe Trouble Fêtes, il rappe et fait des prods, il est très complet. Ils bossent sur un projet commun Entre les lignes. Il y a déjà un 7 titres en téléchargement gratuit sur le net pour ceux qui souhaitent.

Nasme – Mauvaise Graine (prod.OwnMasta) inédit 2/11 – avril 2020

As-tu un métier alimentaire en plus ou tu arrives à t’en sortir uniquement avec la musique et ta société Biffmaker ?
Ce sont des dossiers top secret normalement ! Alors on va dire que déjà je suis un tout petit artiste indépendant, et qui en plus n’a jamais sorti d’album ! Alors normalement ça aide pas à en vivre ! Mais honnêtement, je ne suis pas à plaindre. On va dire que je me débrouille bien, et j’ai besoin de peu pour ne pas me plaindre !

Il y a quelques années le bruit courait que l’indépendance est une libération pour les artistes. Penses-tu que c’est toujours d’actualité ?
Non plus vraiment, aujourd’hui qui est indépendant ? Les distribs c’est quasi des maisons de disque, tout est sous contrat. Si tu sors c’est qu’il y a partage. Comment crier indépendant partout après ? Un indé pour moi, j’vais te dire, il enregistre dans sa chambre sur une prod. faite l’après-midi dans le salon par son pote, il a un pote qui mixe, il fait un master à deux balles sur le net, il presse ses disques à 300 boules en République Tchèque et il les balance ensuite partout sur le net, les shops Hip Hop, etc.. mais ça c’est l’underground de l’underground même ! Et c’est le chemin du kiff pas celui du biff. Le rap c’est la musique numéro 1, l’industrie est plutôt bien développée. Il y en a et il en faut pour tout le monde. Signer ce n’est pas forcément se vendre, mais élargir sa diffusion. Après faut juste bien faire les choses, chacun sa direction.

Nasme – Musique rap musique que j’aime – 2015

Quel est, en ce moment, ton artiste favori dans le rap français ou américain ?
En rap français, ma gifle cette année, c’est Alpha Wan. Il y a les jeunes Shétif et Sopico qui ont un très haut niveau et j’ai découvert Jewel qui m’étonne vraiment.

Pourrais-tu nous donner ta vision de ce à quoi pourrait ressembler le rap en 2035 ?
Ça fera 50 ans de rap français ! J’espère qu’il sera mondial comme peut l’être le rap américain aujourd’hui.

As-tu un nouveau projet prévu, album, EP, single ou autres pour 2020 ?
J’ai tellement annoncé de projets qui n’ont jamais vu le jour que j’évite de parler aujourd’hui. Une chose est sûre c’est que je bosse dur et si j’ai la chance de sortir enfin un album, je ferais en sorte qu’il soit conforme aux règles de l’art.

Le mot de la fin ?
Biffmaker Party à suivre sur les réseaux, la force du rap indé c’est son public, big up à vous!



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