Gauthier, accompagné de Charlotte et Christelle, ont lancé il y a une dizaine d’années Call Me Femcee, une association qui accompagne des rappeuses et DJettes du monde entier dans leur carrière. En 2019, ils ont monté RappeuZ, un tremplin qui sillonne la France pour découvrir les rappeuses françaises de demain. À la pointe de la défense du rap au féminin, le trio multiplie les projets. Rencontre.

Christelle, Gauthier et Charlotte – Photo by US

Ça représente quoi pour toi le Hip Hop ?

Quand je parle de nos structures, Call Me Femcee et de RappeuZ, on me répond souvent que ce sont des projets féministes. Mais non en fait, avant d’être des projets féministes, ce sont des projets Hip Hop. Avec Call Me Femcee et RappeuZ, on s’ouvre à tout le monde. Et la Force du Hip Hop vient justement de nos différences, on est tous unique, le partage et l’ouverture nous fait grandir et avancer dans la bonne direction. Moi je suis de la génération 86, j’ai grandi avec le rap. J’ai été bercé avec ça. Je viens du 9-5 (petit big up au passage à Sniper et au Secteur Ä), mais j’écoutais évidemment du IAM, du NTM et tout ce que l’on appelle l’âge d’or du rap français. À l’époque, j’avais un collectif Hip Hop qui s’appelait Hold-Up Team, ainsi qu’une marque de vêtements, Hold-Up Wear, regroupant plusieurs artistes de Londres, Paris ou Marseille. Ce collectif était mixte avec autant de garçons que de filles et sans que je l’explique vraiment, les gars sont partis du collectif et les meufs sont restées, super déter’, motivées comme jamais. On a continué nos événements avec elles, autour des femmes dans le rap et on a constaté un boycott du milieu à leur égard. Face à la détermination de nos artistes, on s’est dit : « comment on peut faire pour continuer, malgré les embûches ? » , c’est là qu’on a lancé Call Me Femcee, il y a plus de 10 ans maintenant. Au départ, c’était une compil’ de 15 artistes du monde entier et ensuite le projet c’était vraiment de pouvoir proposer des concerts, de mélanger les langues et les styles avec des artistes différents. Désormais on œuvre dans l’accompagnement d’artistes internationaux et l’organisation d’événements. Puis, devant l’insistance de rappeuses françaises qui voulaient rejoindre notre collectif ou bénéficier de notre accompagnement, on s’est demandé comment on pourrait les aider au mieux, parce qu’on ne pouvait pas prendre tout le monde. Au bout de deux ans de réflexion, le collectif RappeuZ est né. En 2019, on a lancé ce tremplin où on fait un tour de France, on fait des castings et on essaie de rencontrer et de faire découvrir les rappeuses de demain. En 15 ans d’existence (HoldupTEAM), on a fait beaucoup de chemin et le boycott qu’on rencontrait au début est beaucoup moins important aujourd’hui. Il y a beaucoup plus d’ouverture, même si le combat n’est pas encore gagné. Mais encore une fois, nos structures sont Hip Hop avant d’être « féministes ».

Gauthier – Call Me Femcee

On va revenir sur vos structures, mais plus personnellement, c’est quoi le Hip Hop pour toi ?

Le Hip Hop, c’est un état d’esprit, ce sont des valeurs. De la détermination et l’envie de prouver. On vient de la street, on est jeunes, mais on est carrés, on sait faire les choses et on veut le montrer. Le Hip Hop, c’est le mélange. Le mélange des styles mais aussi le mélange des gens. On le voit moins aujourd’hui mais à l’époque, toutes les esthétiques étaient présentes dans les collectifs : la danse, les DJ’s, le beatbox, le rap, le graff. Ça se perd un petit peu mais on essaye de maintenir cet état d’esprit. On bosse avec des DJ’s, on fait des petits événements graffiti. Parce que c’est ça le Hip Hop pour moi. Moi, je ne suis pas du tout artiste mais mes potes étaient DJ’s, rappeurs ou beatmakers. J’ai lancé une marque de sape qui portait un peu le collectif, je me suis plus mis dans le relationnel pour apporter ma pierre à un édifice artistique. J’ai coordonné l’assoc et les projets, essayé d’aider les potos à développer leurs projets. C’est comme ça qu’on est né, sur le terrain. Maintenant, on est un peu plus dans le game, on évolue dans un monde plus professionnel, on fait des dépenses, on organise des événements, on a des partenaires, mais on garde notre état d’esprit des débuts. Et je le répète souvent mais on est tellement Hip Hop que des fois, on oublie qu’on est dans un monde de requins, avec des gens qui ne veulent pas forcément nous voir monter. Mais on est clairs avec l’équipe : nous, on veut garder ces bonnes vibes. On est sûrs de nous, sûrs de ce que l’on fait et les mauvais qui nous entourent finiront par tomber. Ils vont peut-être grimper plus vite mais ils tomberont plus tard et nous, on sera resté fidèles à nous-mêmes : authentiques, sincères et sur le terrain. On est dans le développement et l’accompagnement d’artistes mais on vit le truc autant que les rappeuses avec qui on travaille et c’est un kiff. Dans ce milieu, il y a des gens qui sont là parce que c’est un métier, pas nous. On était là avant les subventions, on sera là quand il n’y en aura plus. C’est ça le Hip Hop.

Comment tu as vu évoluer le Hip Hop depuis que tu as commencé ?

Le petit bémol que je mettrais, c’est que je trouve que les différentes esthétiques du Hip Hop se mélangent moins qu’avant. Chacun est dans son coin. Avant on se mélangeait plus avec le poto grapheur, qui te faisait ton visuel, le DJ, les beatboxeurs, etc.  Aujourd’hui, c’est moins le cas et je trouve ça dommage. Pour le reste, le Hip Hop a beaucoup évolué et c’est très bien. Par nos structures, on est tout le temps connectés à la nouvelle génération et on n’est pas dans le passé. Non, le rap, c’était pas mieux avant, ça a juste changé. Par le fait de côtoyer les jeunes, on est obligés de s’ouvrir à eux, aux nouvelles sonorités, aux codes d’aujourd’hui et en travaillant avec eux, en les accompagnant, je me rends compte que les valeurs, elles sont encore là, c’est juste qu’elles ont évolué. Perso, j’ai eu un déclic. Avant, je m’embrouillais avec des potes en leur disant : « mais t’écoute ça, c’est de la merde, ce n’est pas du rap, c’est pas Hip Hop » et maintenant dans ma caisse, je mets ce que je leur reprochais d’écouter. Les textes, le message, ce n’est pas toujours ça mais il faut l’accepter. La société a évolué. Donc les prods, ce ne sont pas les mêmes, la façon de poser, ce n’est pas la même. Le message, les codes ne sont pas les mêmes mais le Hip Hop est toujours là. Je pense que si on a ce débat Old school/New school c’est que chacun n’a pas fait son travail. Les anciens n’ont pas transmis aux jeunes et les jeunes n’ont pas écouté les anciens. Mais on revient là-dessus, je trouve. Sur notre tremplin, RappeuZ, les générations se mélangent bien.

« La société a évolué. Donc les prods, ce ne sont pas les mêmes, la façon de poser, ce n’est pas la même. Le message, les codes ne sont pas les mêmes, mais le Hip Hop est toujours là. »

Quelle place occupent les différentes disciplines du Hip Hop chez toi ?

J’ai commencé à m’intéresser au Hip Hop à un moment où elles étaient toutes présentes en même temps. C’était l’époque de la NBA, des playgrounds, la culture des States. Il y avait le pote qui rappait, celui qui graffait, celui qui dansait. Moi j’ai un peu touché à tout, je me suis essayé à la danse, au graff. Il y avait des grands de ma ville qui faisaient partie d’un gros crew graffiti parisien, les AOC. Ils nous racontaient les missions train, leurs bails et ça nous fascinait. Du coup, avec mes potes, on a lancé notre propre crew, les KSP pour Keuf Sous Pression. On était une dizaine, on graffait un peu dans la ville et puis à un Nouvel An, un peu bourrés, on s’est fait une mission nocturne et on a graffé les murs de notre collège. Mais il s’avère que la gardienne du collège, c’était la mère d’un de nos grands. Il nous a cherché partout dans la ville, on a dû s’excuser, nettoyer le truc et tout. C’est là que j’ai arrêté le vandal (rires). Et puis j’ai continué un peu le graff comme ça mais sans vrai talent artistique. Mes potes eux ont continué, TWOK par exemple faisait les visuels de mon premier collectif et de ma marque Hold-Up.

Tu déplores que les différentes esthétiques ne se mélangent plus, tu essayes de le faire via Call Me Femcee ?

Oui au début avec l’association on avait différents ateliers, du graff, de la danse, on faisait du DJing, du beatbox. Plus tard, on s’est vraiment spécialisé dans le rap avec Call Me Femcee mais on continue d’organiser des ateliers dès qu’on le peut et on ne reste jamais loin des autres disciplines. Cet été, on a notre festival qui s’appelle Seikanahh, c’est une divinité gauloise que mise à la sauce Hip Hop. Le festival se tient sur le long de la Seine. Cette année, il a lieu au Petit Bain à Paris et au Hangar à Ivry. C’est un événement rap, mais on fait un petit happening au début avec du graff. Il y aura aussi du beatbox et du DJing. On devait faire un truc de danse qui finalement n’aura pas lieu. Notre fil conducteur, c’est le rap et ce sont les femmes. Mais on essaye toujours de mettre des petites touches des autres disciplines par-ci par-là.

Call me femcee

Peux-tu nous présenter Call Me Femcee et RappeuZ ?

Call Me Femcee, c’est la maison-mère et RappeuZ l’une de ses entités. Comme je le disais, au tout début, notre collectif s’appelait Hold-Up, on parlait évidemment de hold-up mental, mais vis-à-vis des institutions, on a préféré changer de nom. En 2012, on a créé les Rencontres Urbaines. Les initiales de Rencontres Urbaines c’est RU, la rue, la street, c’était nous, ça nous allait. Rencontres Urbaines a porté Call Me Femcee, puis RappeuZ. On s’est spécialisé autour des femmes et du rap. Avec Call Me Femcee, on fait du développement et de l’accompagnement d’artistes, de l’organisation d’événements, avec le festival Seikanahh notamment, des battles mixtes et des rencontres avec des BeatmakeurZ. De là est née RappeuZ, parce que nous avions plus de rappeuses internationales et que les Françaises nous sollicitaient beaucoup. La réponse que l’on a trouvée c’est ce tremplin que l’on a lancé en 2019. Il nous a permis de rester connectés à la jeunesse.

rappeuz

Avec RappeuZ, on va à la rencontre des rappeuses dans toute la France, chez elles, pas sur Internet. C’est super riche. Les filles qui se présentent devant nous, c’est souvent la première fois qu’elles prennent le mic, en casting, devant un jury. Elles se révèlent parfois, elles rencontrent des pros, on leur donne une chance. Ça se passe à La Place à Paris, à l’Affranchi à Marseille, au Hangar à Ivry, au Flow à Lille et à la Rock School à Bordeaux. Toutes ces salles sont nos partenaires. Cette année, on a ajouté La Carène à Brest. On fait un appel à candidature au mois de février 2023, puis on fait le tour de France à partir d’avril, jusqu’en juin. On sélectionne deux artistes par ville et le dernier week-end de septembre, on organise la grande finale avec toutes les sélectionnées. L’année dernière, elle avait lieu à Lille : 11 artistes, 550 personnes dans le public, c’était le feu.

RappeuZ – Tour de France 2023

Et une gagnante au final…

Oui parce qu’il en faut une, c’est le principe du tremplin, ce qui n’enlève rien au talent des autres. Les finalistes font un showcase de 12 à 15 minutes et le jury, composé de professionnel, choisit la grande gagnante. La lauréate a droit à un an de coaching, un accompagnement sur mesure, de la mise en avant avec une inscription à la Sacem, des tournages de clips, des sessions studio et c’est très axé sur la scène donc du coaching scénique également. Elle est aussi programmée dans notre festival et les programmes de nos partenaires donc il y aura une tournée de concerts aussi. Mais on ne laisse pas les autres dans la nature. C’est en cela que je nous trouve Hip Hop, celles qui n’ont pas gagné, elles restent dans notre réseau, on continue de les suivre et de les accompagner autant qu’on le peut.

Qui sont les artistes que vous accompagnez avec Call Me Femcee ?

Le noyau dur de la compilation initiale est toujours là. La Mexicaine, Audry Fury, l’artiste italienne Comagatte, l’artiste qui a le flow le plus rapide d’Italie, Meduza, la rappeuse tunisienne. On a des rappeuses anglaises : Icykal et Layie, il y a GIA, la Roumaine, qui ne faisait plus trop de son mais qui va finalement revenir. Et on s’est donc ouvert aux rappeuses françaises en travaillant avec Nayra ou Ash to the Eye. Toutes ces artistes, on les accompagne, on les suit. Et dans le même temps, on développe notre festival qui commence à prendre de l’ampleur. Ça nous permet de nous ouvrir à d’autres artistes comme par exemple aux rappeuses du Maghreb et à des Américaines. On pioche dans le vivier de RappeuZ pour nos programmations. On essaye de placer des artistes émergentes en première partie.

Et comment vous décidez de travailler avec telle ou telle artiste ?

Ça part de cette compilation, sortie il y a plus de 15 ans, France-UK Connexion, montée entre Marseille, Paris et Londres. Les Anglaises sont venues à partir de là. Les autres, ce sont des rencontres. Comme on est un collectif, qu’on bouge en groupe, habillés pareil, on suscite la curiosité. Comagatte est venue comme ça. Ça part d’un concert, d’un feat, tu créées du lien, il y a des artistes où les affinités se tissent, d’autres non. Mais il y a toujours un fond humain. On ne démarche pas sur le buzz, on veut qu’il se passe un truc.

Les artistes sur la finale RappeuZ 2K22
Ash to the eye, Lirose, Kara Nandjee, Sopycal, SO, Milly Parkeur, Alma Mango, Veemie - photo by Lawless
Les artistes sur la finale RappeuZ 2K22
Ash to the eye, Lirose, Kara Nandjee, Sopycal, SO, Milly Parkeur, Alma Mango, Veemie – photo by Lawless

Tu pourrais nous donner un Top 5 de tes rappeuses préférées ?

Je ne peux pas donner un Top 5, mais j’aime beaucoup Rapsody et Missy Eliott mais ce sont des légendes. Je peux te citer The Girll Codee, des meufs de Brooklyn que l’on suit et que l’on aimerait bien faire venir à Paris. Essah Yasuke une rappeuse française que j’ai managé pendant 2 ans, qui continue de monter et qui a beaucoup de talent, à suivre ! J’ai un gros coup de cœur pour elles. Il y a aussi KHTEK, c’est une rappeuse marocaine avec qui on aimerait commencer à bosser. Il y a GXKR, une artiste londonienne en mode drill. Ma collègue qui l’a découvert m’a dit : « faut trop qu’on l’invite au Festival, elle déchire de ouf ». Après les artistes du collectif, toutes celles que j’ai cité tout à l’heure, franchement ce sont des coups de cœur aussi.

Et en France ?

Et France, je pourrais te parler des artistes mainstream mais en vrai, j’aime Telly Bayllo qui a gagné RappeuZ, l’année dernière, en mode drill elle aussi. Ash to the Eye qui a remporté le tremplin il y a deux ans et qui a sorti son premier clip au mois de mai. C’est une danseuse à la base, qui s’est mise au rap avec RappeuZ justement. Elle ne s’attendait pas du tout à gagner, ça a été une grosse claque et elle arrive en force. Il y a Pearly qui a gagné la première saison et qui, pour moi, mériterait d’être beaucoup plus mise en avant. Souvent les artistes manquent de visibilité, n’ont pas les moyens de faire de beaux clips, de bien enregistrer. Il y a encore Nayra la rappeuse du 9-3 que je trouve bien lourde en ce moment.

Pearly – Han han – juin 2023

Tu parles de la difficile mise en avant des artistes, c’est pour ça que vous avez créé vos structures ?

Oui, mais l’émergence des jeunes artistes, elle est aussi difficile pour les hommes. Je m’explique. Quand tu rencontres des artistes sur des battles ou sur des scènes Hip Hop, tu te prends une claque. Mais quand tu écoutes ce qu’ils font sur les plateformes, finalement, c’est assez moyen parce que ce n’est pas bien mixé, pas bien enregistré et tu ne retrouves pas le talent que tu as décelé sur scène. Au contraire, il y a des artistes plus mainstream que l’on voit grâce à leurs clips, leurs albums, etc, mais qui sur scène, lors de grands concerts, avec beaucoup de moyens, sont à chier. Moi, je déplore que, pour l’artiste émergent, ce soit difficile d’accéder au réseau pro. Et c’est là que l’on intervient, dans l’accompagnement pour que ce soit plus facile justement, pour les aider à interpréter leur morceau, qu’ils soient bien accompagnés en studio où les sessions coûtent cher. Ce que l’on cherche à faire, c’est de faciliter l’accès au réseau pro. Mais encore une fois, cela concerne presque autant les filles que les garçons.

Tu l’as évoqué plus haut que le fait d’être dans des structures qui aident des rappeuses, c’était presque un concours de circonstance, mais il y a tout de même un côté militant dans cette démarche ?

Oui, c’est militant, mais comme quand j’ai débuté dans le Hip Hop et que c’était encore une musique de niche, pas du tout numéro 1, pas accompagné, etc. Et pourtant j’étais à fond. Et comme je te l’expliquais, dans notre structure, pour différentes raisons, les mecs sont partis les filles sont restées. Et il y avait du sens à ne travailler qu’avec des filles finalement. J’ai des milliers d’exemples qui me montrent que notre combat est le bon parce que pour les filles, c’est chaud. Combien de fois, j’ai vu des publics se détourner de nos rappeuses, juste parce que c’était des filles, sans même écouter comment elles rappaient. Et là, ce n’est qu’artistique, mais combien de fois on reçoit des filles qui ont signé avec des pseudo-producteurs qui voulaient aussi les serrer. Les filles perdent du temps comme ça. Et elles ne font plus confiance à leurs interlocuteurs, du coup elles avancent seules et ça devient très difficile. Nous, Christelle, Charlotte et moi, on s’est spécialisé sur ce créneau, en essayant de ramener de la confiance et de la bienveillance. Notre tremplin par exemple, ce n’est pas la Nouvelle Star. On prend le temps d’écouter tout le monde, de faire un retour constructif, même à celles qu’on ne retient pas. Nos rappeuses, ce ne sont pas des marchandises, on privilégie l’humain.

Les artistes sur la finale RappeuZ 2K22
Ash to the eye, Lirose, Kara Nandjee, Sopycal, SO, Milly Parkeur, Alma Mango, Veemie - photo by Lawless
Les artistes sur la finale RappeuZ 2K22
Ash to the eye, Lirose, Kara Nandjee, Sopycal, SO, Milly Parkeur, Alma Mango, Veemie – photo by Lawless

Il y a une autre association, Rappeuses en Liberté, qui est sur le même créneau que vous. Vous travaillez ensemble ?  

Ils sont plus jeunes que nous mais c’est vrai que leur concept était comme le nôtre. Donc quand ils sont arrivés dans le game, on a voulu les rencontrer pour bosser ensemble, échanger, être partenaire, ça ne s’est pas fait, c’est dommage. Tant pis, chacun travaille de son côté. Mais on reste le premier tremplin dédié aux rappeuses avant que tout cela devienne tendance : sur le terrain au quotidien et proche des artistes.

Comment vous fonctionnez ? Vous avez des subventions ?

On n’en avait pas jusqu’à présent, mais on va aller en chercher désormais. On n’en voulait pas avant. Mais tout le monde en a. Et beaucoup en font 10 fois moins que nous au quotidien. Nous, on a envie de se développer et pour se développer, il faut aller en chercher. On veut pouvoir apporter davantage aux artistes et pouvoir optimiser nos projets afin de les faire rayonner. Au début, c’était une volonté de ne pas dépendre des institutions. On fonctionnait avec nos fonds propres : les artistes qu’on développe, les concerts qu’on organise, les bookings, nos ateliers, nos événements, tout cela rapportait de l’argent qui nous aidait à financer nos projets, aidés également par nos partenaires, les lieux d’accueil, Mouv’ Radio, Shop ton Studio, Daceg, 33 Carats Magazine, La Belle Hip Hop, un festival de Hip Hop de femcees à Bruxelles.

L’avenir pour vos associations, c’est quoi ?

Grâce à Plateau Urbain, une structure qui aide les associations à avoir des locaux, on a pû en récupérer un à Hôtel de Ville au cœur de Paname. Au bord de la Seine, comme notre festival. Charlotte est désormais à plein temps sur nos projets. Moi, ça va être le cas en septembre.  Donc on a des locaux, bientôt à plein temps sur nos projets, ça va nous permettre de les optimiser. On veut renforcer RappeuZ qui est déjà bien ancrée. On s’associe avec une boîte de production pour développer la partie booking de Call Me Femcee. C’est une société et non pas une assoc’ et cela renforce notre crédibilité face à nos interlocuteurs. On a lancé un concept de battles l’année dernière, les Kickage Sessions donc on développe ça aussi. C’était au Hangar à Ivry l’un de nos QG, mais on va le faire dans quatre lieux différents en France. Et puis notre festival Seikanahh qu’on a lancé l’an passé toujours à Ivry. Ça se passe sur deux jours avec 15 rappeuses du monde entier. Il prend de l’ampleur cette année et prendra sa pleine mesure en 2024. On veut développer des ateliers autour du DJing et du beatmaking pour les femmes. Sans prétention avec Seikanahh on a l’ambition de devenir le festival de référence des femcees.

Le mot de la fin ? Une dédicace ?

Patience et longueur de temps. C’est paradoxal pour moi qui suis hyper actif, qui veux tout, tout de suite. Mais quand on est deter’, quand on en veut, quand on est parti d’en bas aussi, ça prend du temps pour y arriver, mais on y arrive toujours. Je veux aussi faire une grosse dédicace à Charlotte et Christelle avec qui je travaille et un gros gros big up à nos rappeuses et à ceux qui nous soutiennent de près ou de loin. Biz Up!

Interview réalisée par Léo du Bronx


Retrouvez Call Me Femcee et RappeuZ sur leurs réseaux :
instagram.com/callmefemcee
facebook.com/CallMeFemcee
instagram.com/rappeuz
rappeuz.fr