No.A.M Rastaflexx est un MC du 94 (Valenton). Très jeune il se découvre une passion pour le rap et commence ses premières rimes à l’âge de 13 ans. Ses influences en rap français sont Kery James, Rohff et toute la Mafia K’1 Fry évidemment, en tant que « mec du 9.4 ». Cette touche 9.4 qui se ressent dans l’ensemble de ses textes et dans son style de vie. Salif, Sefyu, Despo, IAM sont aussi les artistes qui lui ont donné envie de rapper. Très influencé par le style US également, surtout celui de la côte Est, il se retrouve dans cette manière d’aborder le rap notamment au niveau de la production, de l’auto-gestion et de l’organisation. Après son dernier voyage là-bas, il revient avec l’envie de monter son propre label. NoLimit voit ainsi le jour et sa première sortie, « Argent et Tristesse », est désormais disponible sur toutes les platesformes de téléchargement payant. Dans ce projet disponible depuis Avril 2020, No.A.M mêle old school et new school, autant dans les featurings que dans les prods et les textes, emmenant tout le monde naviguer avec lui entre les époques. Cette mixtape est d’ailleurs annonciatrice d’un album sur lequel il travaille comme un dingue. Comme toujours. En attendant de morceaux sont déjà là pour patienter. Comme dirait le Dr. : « To The Next Episode… »
No.A.M. Rastaflexx – Argent et Tristesse
Ok. Nes Pounta, Igor Ldt, Kitkita, Roma et Vrai en featuring ça dit rien à pas mal.
Ok. La plupart des instrus sont des faces B.
Voici pourtant l’une des meilleures mixtapes que j’ai écoutée depuis très longtemps. Et puis des face B et des MC’s à faire découvrir, n’est-ce pas le principe d’une mixtape, d’essence, de base, à la « création » ?!
Respecter les étapes et étudier l’art lyrical, No.A.M l’a fait. Le fait. On lui a montré déjà, on lui a appris très tôt. C’est le 9.4, c’est le fief. Rap de rue, rap de vécu, rap sale, rap du béton, rap réalité.
Il faut dire que ça fait des années que l’on suit et que l’on soutient ce jeune MC dès qu’on peut le faire ! Ça, c’est pour ceux qui l’annoncent dans les découvertes et clament avoir « révélé » le boug’.
C’était déjà par l’intermédiaire de LEQUIPEDENUIT, quand nous émettions encore, en l’épaulant sur ses concerts, partenaires de ses projets et même en featuring avec lui sur la tape ! En lui faisant faire ses premières radios. Ça peut ressembler à du favoritisme pour une chronique mais ceux qui me connaissent savent que si t’es nase « rapologiquement » tu pourras quand même être mon pote, mais sûrement pas être chroniqué et présenté à l’audience comme validé par mes soins.
Déjà, le projet s’appelle Argent et Tristesse et non argent et grosses fesses ! À noter. Traduis ce titre en « cainri » et tu verras que t’as déjà une œuvre qui sonne classique.
Tout d’abord, une intro ambiancée par DJ Ronin, de New York. Ça donne le ton. Ensuite le morceau Johnnie Cochran, dont le clip tourne sur le net depuis quelques mois, suivi de son remix avec moi-même, Nes Pounta en featuring. J’ai pris mon pied sur ce track comme vous prendrez le votre, ainsi que sur tous les autres tracks car on sent que malgré son jeune âge, Mr Rastaflexx a du vécu. Les instrus sont bonnes, les refrains loin d’être sirupeux et les invités, ainsi que les textes en général, sont pleins de punchlines et de références variées.
Le MC de Valenton, en totale autoprod’, a bossé dur et livré un produit mixé par DJ Ronin également et où tous les scratches sont assurés par my man DJ Dsyde, mon équipier de nuit et membre du Huperkut Crew.
Éduqué à la old school du rap français et US, à l’histoire des grandes figures africaines et politiquement éveillé, «j’connais l’histoire de mon peuple, j’connais pas celle des romains », il traduit par ses mots les pièges qu’on nous tend et les difficultés de la vie lorsque cette dernière nous fait prendre le chemin du deal et des affaires de rue. Sans langue de bois.
« 12 piges j’étais footballer, 6 piges je faisais du roller, 18 piges je tournais à 100 euros l’heure … »
Le morceau 18 Juin, l’énergique Peux pas, Carnage ou encore Johnny Cochran sonnent aussi comme des morceaux d’albums qui vous restent.
Pour enfoncer le clou de ce projet qui fleure bon le New York qu’on aime, on y retrouve également, pour la touche US, rien de moins que Prodigal Sunn et Sav Skillz en featuring sur deux très bons morceaux. Pas faits pour la maille c’est sûr.
Lorsque l’on a terminé l’écoute, on sent la volonté ou alors la facilité qu’il a eu à créer plusieurs « classiques » écrit avec le sang, à la sueur du cœur. Un gros son pour les caisses.
En tout 17 plages musicales à réécouter plusieurs fois car parfois cryptiques, les lyrics reflétant vraiment son univers, d’où des expressions particulières comme « kichta » pour la maille, par exemple, et non « moula », que certains ne capteront pas la première fois.
En gros il copie peu et semble surtout soucieux d’avoir sa touche personnelle, ce qui nous ravit profondément dans ce monde de ctrl/c. De plus ça confirme les espoirs que j’avais déjà en étant au cœur du réacteur.
La relève est là et celle-là je la valide lourdement. De Argent et Tristesse jusqu’à Argent et Bonheur. Je lui souhaite. Je nous le souhaite. D’ailleurs on le saura bientôt, paraît que l’album est déjà prêt… Essmâa Khô !!!
Retrouvez No.A.M sur ses réseaux : Facebook , Twitter et Instagram.
Chronique écrite par Nes Pounta