M Tiss
Aimé 365
Format : «webtape» de 365 titres
Localisation : France
Je dois vous parler d’un projet ambitieux voire titanesque. Un artiste a entrepris la lourde tâche de fournir un son clippé chaque jour de l’année.
Le premier titre est sorti le 1er janvier 2020 et au moment où vous lirez cet article, le 200ème a été publié le 19 juillet. Rendez-vous compte que déjà plus de 200 sons clippés ont été réalisés !
Avec un contenu varié comprenant du rap, du chant, de la technique, de la poésie, du flow avec un vrai travail d’écriture et des textes soignés, il y a de quoi satisfaire un grand nombre d’amateurs de rap en somme.
L’homme à l’origine du projet se prénomme M Tiss et si le nom ne vous dit rien, laissez-moi vous parler de cet artiste.
Il débute la musique en 2000, très fortement inspiré par le rap new-yorkais mais aussi par les missiles envoyés en France par l’écurie Time Bomb et bien d’autres .
Ayant habité à Harlem où il a croisé beaucoup d’artistes et pratiquement tout le Wu-Tang, il rentre en France avec le multisyllabique dans ses bagages. Il est un des premiers MC’s à pratiquer cet exercice dans l’Hexagone.
Il a ensuite perfectionné son art jusqu’à devenir le premier champion End of the Weak. Il a écumé les battles de toutes sortes et est très connu dans le milieu. On le trouve d’ailleurs sur de nombreuses mixtapes. Plus récemment il a participé aux projets de nombreux artistes comme S-Crew, Sexion d’Assaut, l’Entourage ou encore DJ Low.
Il a été très prolifique jusqu’à ce qu’il doive arrêter la musique pour raisons familiales. Il profite alors de cette pause pour créer son entreprise d’informatique qui l’occupera pendant 10 ans.
Après ce retrait forcé, il se rendra compte que son épanouissement ne se fera pas sans la musique et décide de revenir à ses premières amours.
M Tiss fait donc son retour en publiant des freestyles sur Facebook, pratiquant ainsi la musique par pur plaisir avant de commencer à penser à un album sur lequel il commence à bosser peu après.
C’est un jour, en écoutant le nombre impressionnant de titres contenus dans son ordinateur que lui vient l’idée de les partager (car on ne fait pas de la musique pour la laisser confinée dans un disque dur).
Il sélectionne alors plus de 150 sons et rapidement l’idée de partager sa musique chaque jour lui vient avec l’envie de pourquoi pas tenir un an. C’est ainsi qu’est né le projet abordé ici.
En tant qu’artiste je trouve la prouesse vraiment titanesque. Heureusement il avait pris de l’avance dans l’enregistrement des sons qu’il allait publier quand le confinement est venu contrarier son projet. Cette large avance lui a permis de tenir le coup mais il lui a fallu mettre les bouchées doubles pour reprendre une avance confortable. Aucun problème pour cet artiste aussi prolifique qui en une journée est capable d’enregistrer sept couplets et réaliser six vidéos pour les illustrer.
Vous le constaterez, un jour vous aurez droit à un couplet, parfois un couplet et un refrain, une autre fois ce sera un son complet avec plusieurs refrains et plusieurs couplets. Comme le track dont je vais vous parler et que j’ai particulièrement apprécié.
Le Prince de Balard est le 5ème son publié dans le projet Aimé 365 et il montre à quel point l’écriture de M Tiss peut être travaillée. Pour commencer, le titre est un clin d’œil à la série le Prince de Bel-Air. Le texte renvoie à l’époque où la culture rap a pris toute son importance aux yeux de beaucoup grâce a l’apport de la musique et de séries comme celle-ci permettant ainsi a beaucoup de jeunes de se sentir enfin représentés. Ils avaient enfin trouvé de quoi se construire à travers à la culture Hip Hop.
Le texte part d’une punchline de Notorious BIG du titre Victory (« Real sick, brawl nights/I perform like Mike, anyone/Tyson, Jordan/Jackson, action/Pack guns, ridiculous » devient « J’enchaîne les KO sur le mic, MC Tyson, Joe Jackson, Flow big comme Small, dis tout comme Pac ») pour continuer par un name dropping plutôt original. En général cet exercice de style est juste un positionnement de noms dans un texte mais ce coup-ci M Tiss le fait phonétiquement en citant aussi bien Big L, Snoop ou Oxmo Puccino (« Le time est bon à l’époque, peu de poukaves comme Bloopalooza ») et en parsemant son texte de références plus ou moins subtiles (« Les mans connaissent ma méthode, beat punisseur. Vibe called quest, marginal, hors castes », « L’âge d’or, j’suis raide man, fly…supa dupa République ennemi, ice cream pour la Fresh heure »)
On a donc un texte qui permet une double lecture, à la fois classique et phonétique. Le texte est truffé de références Hip Hop et raconte en même temps le vécu de l’artiste. Chaque couplet rappelle des faits ou des périodes particulières comme sa jeunesse, son voyage en Afrique (plus particulièrement au Cameroun), sa vie à New York, sa rencontre avec le Wu-Tang, son cheminement personnel qui lui a permis de grandir artistiquement au sein de la culture Hip Hop et de raconter l’influence de certains rappeurs sur son développement en tant qu’individu et artiste.
Voilà, je voulais par cet article donner de la force à ce projet qui mérite d’être mis en lumière. Je vous invite donc à suivre l’aventure Aimé 365 pour lui donner vous aussi de votre force.
Bonne écoute !
Retrouvez l’ensemble du projet « Aimé 365 » sur le Facebook de M Tiss.
Chronique réalisée par Voicebless