Lino
Requiem
Année : 2015
Format : album 17 titres
Localisation : France (Villiers-le-Bel)
Production : Wealstarr, Stan E, Hopsalaprod, Cori, Greg K, Assumani Imani, Nico Sirius, Medeline, Good Will & MGI
Featurings : Youssoupha, Niro, Corneille, Zaho, Dokou, T.Killa, Sofiane, Fally Ipupa, Calbo, Manon (Mutine)

Sur cet album, le dernier en date du MC du Val-d’Oise, on sent un Lino dans la pleine maîtrise de son art. Malgré son statut de lyriciste incontesté, il ne tombe jamais dans la facilité de ceux qui savent qu’on leur pardonnera leurs faux pas, quoiqu’il arrive. Le niveau de ses métaphores et du placement de ses rimes donnent l’impression d’assister au retour d’un grand boxeur qui n’a rien perdu de sa superbe. Ses uppercuts et ses crochets font toujours aussi mal. L’attention particulière qu’il porte à l’articulation de ses mots montre une évidente volonté d’être compris par les néophytes et, si possible, par un plus grand nombre d’auditeurs. Et les choix de certains featurings viennent appuyer cette hypothèse (Corneille, Fally Ipupa ou Zaho par exemple). Qui lui en voudra? En revanche, on ressent encore et toujours son refus catégorique de faire des concessions sur ce qui semble l’animer : la justesse des mots.

Lino – 12eme Lettre (prod. Assumani Imani)


Les instrumentaux (assurées entre autres par Wealstarr et Stan E), tantôt claires, tantôt sombres, soutiennent des textes aussi brutaux qu’une colère enfouie. D’ailleurs, à plusieurs reprises, il nous fait savoir qu’il déplore que le rap se soit fait dépouiller de son essence. Il pique, il charrie et châtie à travers la démonstration de son talent, même sur des productions actuelles. Ainsi, qu’on ne si méprenne pas, l’album est loin d’être un refus d’adaptation à une nouvelle ère rapologique, il est simplement porté par un instinct de compétition qui le rend poétiquement subversif. Et c’est ce qui fait qu’il est dans la continuité de son héritage. C’est une suite qui nous emmène dans les méandres de l’esprit du rappeur et qui nous offre une vue sur des bouts de son cœur. De la disparition de son papa, en passant par la description d’une Afrique tristement décadente, Mr. Bors nous a offert une œuvre personnelle et décomplexée.
Tout au long de ce carnet vocal on assiste aux confessions d’un homme, libre mais troublé, qui utilise réellement sa musique comme un exutoire. Requiem est un chant de paradoxes qui nous renvoie aux nuances de nos propres émotions.


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Chronique écrite par Signa.