432Hz par Rockin Squat

Rockin Squat
432Hz
Année : 2020
Format : album 16 titres
Localisation : France (Paris)
Production : Negree, Rockin Squat
Featurings : Maj Trafyk

Pour cet album Rockin Squat s’est entouré de plusieurs musiciens. La majorité des titres est produite par Negree, d’autres par Eric Marchand et un seul titre est passé par l’esprit créatif de Petru Guelfucci. Je vous laisse faire vos recherches sur chacun d’eux, aujourd’hui mon job est de chroniquer un album au titre aussi énigmatique que fascinant : 432Hz.

Lorsque l’on saisi la définition de cette appellation, on prend toute la mesure de l’intention de l’artiste. Mais pour le comprendre, il faut d’abord savoir que Hz signifie hertz, l’unité de mesure de la fréquence et que le chiffre 432 a une symbolique quasi-mystique. En effet, en physique quantique une théorie explique que les ondes et les vibrations auraient un impact sur toute la matière, nous y compris. Une influence qui aurait des conséquences sur notre bien-être. Rien que ça ?! Donc si l’on en croit cette doctrine, on peut clairement affirmer que RCKNSQT cherche à distribuer du bonheur et à faire ressortir la brillance qui est en chacun de nous. Et quand on sait que la plupart des musiques que nous écoutons sont accordées sur une fréquence de 440Hz, ça ne serait pas exagéré de dire que cet album est une invitation à une autre alternative. Il veut nous faire passer un message, nous faire vivre une expérience. L’artiste semble vouloir mettre sa musique au service d’une spiritualité qui se veut universelle et non clivante.

Dès la première phrase de l’album il scande : « En haut du trône on est jamais que tout seul ». Par ces mots, Squat pose un regard critique sur la solitude qui découle inexorablement de la vanité humaine. Il a donc à cœur d’affirmer son désir d’humilité et sa rupture avec une société en perdition.Tout en gardant l’esprit guerrier du rap, il est le porte lyrics d’un concept qui prône l’épanouissement et l’apaisement de l’esprit. La chanson Vocab, conduite par une guitare acoustique, en est l’illustration parfaite. Les paroles qui habillent cette œuvre nous racontent son parcours, de ses débuts semés d’embûches à la stabilité fragile de son indépendance musicale. Il nous parle de combativité et de résilience.

Mais au-delà du solennel, l’album est comme une peinture qui oscillerait entre le cubisme synthétique et l’art moderne. Un projet hybride et hors du temps. Il offre des angles de vues différents et améliore la compréhension de la culture urbaine, selon son expérience. Une sorte de tableau coloré et gorgé de références du Hip Hop américain. Et le très maîtrisé NY Network en est la pleine représentation. D’ailleurs, le clip de ce morceau nous fait voyager dans le temps et nous rappelle d’où viennent ses influences, ses inspirations et son attitude. Conscient d’occuper une place particulière dans la courte liste des rappeurs de sa génération encore en activité, à sa manière, il a enfilé son armure de gardien du temple. Glaive à la main, il montre qu’il résiste, encore. Dans cet album l’artiste parle à qui veut bien l’écouter mais hors de question pour lui de grimer sa musique. Donc sans s’abaisser à faire le djeuns pour renvoyer un miroir déformé aux adolescents en quête de sensations fortes, Rockin Squat assume pleinement sa maturité et ne fait rien pour leur plaire. Ni à qui que ce soit d’ailleurs. Et comme il le dit lui-même dans un de ses morceaux, il fait du rap de son âge.

Dans le titre I heard that (Big booty) c’est sur une production jazzy qu’il fait aussi le constat d’une société qui mise toujours plus sur la forme que sur le fond. Il le fait en se mettant en danger avec un flow accéléré comme pour démontrer que l’esthétique peut également s’accompagner d’une certaine profondeur. On sent qu’il s’amuse et qu’il aime encore le rap qui ne perd pas de vue son objectif élévateur. Autant qu’il le peut, il motive et amène chacun à s’engager dans sa propre libération. Coutumier du contre-pied et du mélange des styles, RCKNSQT s’entoure de Mosquito, Inacio Rios et Bruno Compo sur A lingerie o cabernet pour parler d’amour et apporter les lueurs du soleil couchant brésilien avec une bossa-nova dépaysante. À sa façon, il nous fait voyager. Il en profite même pour rendre un hommage délicieux à Paris, sa ville de cœur, comme s’il faisait la cour à une femme. Romantiques mais sans mièvreries, ses mots ont l’allure d’un gentleman en basket vêtu d’un ensemble en lin sur le corps.

À part les guitares électriques saturées de Leaders, cet album se caractérise principalement par ses illusions de légèreté. On y retrouve des productions douces qui contrastent avec des paroles fortes invitant constamment à la remise en question. Le MC ne fait aucune concession, il dit ce qu’il a à dire car sa musique est au service de ses pensées, et non l’inverse. À chaque morceau on le ressent. Même lorsqu’il rappe sur des airs de samba, notamment dans Bidonvilles où il enfile sa casquette de storyteller jusqu’ici méconnu, il y arbore fièrement son insoumission comme un étendard. C’est sa marque de fabrique. Il s’impose et en impose. Il est Hip Hop.

Certains pourraient voir Rockin Squat comme un extraterrestre qui essaie d’établir une communication avec nous et ils auraient bien raison. Sur cet opus, il est d’un autre monde. Et on vient seulement d’en déchiffrer une infime partie. Il semble être guidé par des mantras qui le poussent à se réinventer et à nous surprendre, constamment. Mais mon avis n’est que ma vérité.


Retrouvez Rockin Squat sur Facebook, Instagram et Twitter.

Chronique écrite par Signa.