Rappeur depuis plus de 20 ans, Vicelow a rencontré le succès au sein du Saïan Supa Crew. Malgré la fin du groupe en 2007, il n’a jamais arrêté de faire du rap tout en étant très actif dans le milieu de la danse Hip Hop. Depuis 2009, ce fan inconditionnel de Michael Jackson, qui aimait déjà orchestrer les chorégraphies lives du Saïan, a lancé ILoveThisDance, site internet devenu la référence française sur la danse urbaine, ainsi qu’un événement du même nom depuis 2012 et le Beatdance Contest, un battle innovant rassemblant beatmakers et danseurs.
Bonjour Vicelow, présente-toi ?
Je suis un jeune rappeur de 41 ans qui porte des lunettes depuis le CE2 et qui aime la danse depuis le CP.
Peux-tu nous parler de ton entrée dans le Hip Hop et par quelle discipline tu as commencé ?
J’ai commencé à rentrer dans cette culture grâce à mes grands frères qui étaient des grands amateurs de disques vinyles. Ils achetaient pas mal de jazz, funk, new jack, soul et bien sûr de rap. Ils dansaient aussi et étaient des grands amateurs de Michael Jackson. J’ai suivi leurs traces mais j’ai vraiment basculé dans le Hip Hop quand j’ai écouté la compilation Rappatitude. C’était en 1991.
Je sais que tu as fait partie du groupe Complice Du Vice, peux-tu nous en parler ? Qui a été à l’origine du groupe et que sont devenus tes acolytes ?
Complice Du Vice c’est le groupe qu’on a fait avec deux potes de mon quartier à l’époque. L’un habitait dans mon immeuble et on avait aménagé une cave pour en faire notre repaire : c’était le squat, on avait un petit poste K7, on rappait, je kiffais écrire et surtout faire de la scène.
Et avant le Saïan Supa Crew, tu étais dans le groupe OFX, parle-nous de sa création, de sa direction artistique et du concept?
OFX c’était un collectif à la base, des gars de Noisy pour la plupart, qui étaient des potes de Feniksi (Féfé). Moi je n’y étais pas encore à cette époque et j’ai intégré le groupe quand KLR et Féfé étaient à deux. A cette époque, j’étais en solo et je les avais souvent croisés car j’habitais à Bondy, la ville voisine de celle de Féfé. Je leur ai dit : « Les gars, je veux trop rentrer dans le groupe » et ils m’ont répondu oui direct tandis qu’au même moment le crew SSC commençait à voir le jour.
Tu as été un des membres du groupe Saïan Supa Crew et je sais que le public a souvent voulu savoir qu’elle était la recette pour créer des titres aussi décalés que Darkness, La Preuve Par Trois ou 14/02 par exemple ?
La recette c’était : repousser les limites et toujours trouver des concepts inédits. On avait la chance aussi de bosser avec un producteur comme Alsoprodby qui a été à l’origine de pas mal de nos premières instrus, dont C’est le déluge, un son qui casse encore tout en concert.
Quel a été le moment le plus marquant dans le Saïan ? En positif ou en négatif ?
La mort de Kurt (KLR) et Hervé ont été les plus grosses épreuves et ça nous a donné la force de soulever des montagnes.
Le premier album des Saïan a fêté ses 20 ans en octobre 2019, qu’est-ce que tu ressens par rapport à ça ?
De la joie et de la tristesse. Heureux de voir que 20 ans plus tard on a laissé autant de bons souvenirs et qu’on a marqué toute une génération. Triste de voir l’état de nos relations entre ex-membres et de sentir qu’on n’a pas porté notre combat jusqu’au bout.
Je sais que depuis quelques années tu es devenu speaker pour des évents de danse et que tu en organises aussi, comment ça t’es venu ? Tu étais danseur avant de rapper ? Est-ce que tu continues de danser ?
Je ne suis pas « speaker », je déteste ce mot (rires), je suis MC. Je me suis retrouvé à présenter des événements de danse par hasard et, de fil en aiguille, j’ai présenté des battles parmi les plus gros de France. Je suis juste un passionné de danse mais non, je ne suis pas un danseur.
On va maintenant parler de ILoveThisDance, c’est toi qui en es à l’origine ? Et pourquoi ?
Oui j’ai créé l’événement ILoveThisDance en 2009 et en 2010 j’ai monté un site internet qui porte le même nom. À l’époque je commençais à m’investir de plus en plus dans le milieu de la danse et je trouvais que je pouvais amener mon expérience de rappeur et la transposer dans la danse. Je voulais aussi prouver que sans être danseur on pouvait avoir une vision sur cette discipline.
Tu es aussi à l’origine du BeatDance Contest, il y a déjà beaucoup de battles de danse, pourquoi en créer un nouveau et comment t’es venu ce concept ?
Le BeatDance Contest est un concept unique qui réunit deux disciplines, la danse et le beatmaking, créant simultanément deux battles en un. Huit danseurs/danseuses sont sélectionnés pour s’affronter sur les compositions des beatmakers. En mars dernier nous aurions du fêter la 8éme édition !
Que penses-tu du niveau actuel de la danse Hip Hop en France ? Est-ce que tu as suivi son évolution et peux-tu nous en parler ?
Je m’intéresse beaucoup aux danses debout. Oui ça a pas mal évolué grâce aux nouvelles technologies, les jeunes sont super précoces. Maintenant ce qui me parle le plus ce sont les personnalités, ceux qui ont des choses à dire et qui ont un vécu. J’aime la technique mais la technique pour la technique ça peut vite me fatiguer.
Je suppose que tu dois avoir un avis sur l’éventuelle entrée de la danse Hip Hop aux Jeux Olympiques 2024 ?
Oui, mon avis est assez mitigé. J’aurai trouvé plus judicieux qu’on invente une nouvelle discipline inspiré du B-boying que de juste prendre le break qui a déjà toute une histoire et vouloir le mettre dans une case. Je considère que le sport c’est une case qui ne convient pas à ce style malgré l’aspect athlétique de la discipline.
Pour en revenir au rap, quelles sont tes influences, passées et actuelles ? Et dans le monde du Hip Hop en général, qui est-ce qui t’inspire ?
J’ai écouté tous les grands groupes de rap français, après dans les personnes moins connues j’ai saigné Afro Jazz, Ministère Amer, 2bal2neg… Dans les danseurs j’apprécie Slim Boogie, Brian Green, King Charles, Joseph Go, Alex The Cage.
On sait que le rap et la danse sont tes deux univers de prédilection, mais est-ce que le graffiti et le DJing t’intéressent aussi ? Pas en tant que pratiquant mais en amateur ?
Oui ça m’intéresse, surtout le DJing, mais je ne suis plus trop l’actualité. J’ai eu la chance à l’époque du SSC, dans les années 2000, d’avoir vécu les belles époques du championnat DMC.
Est-ce que tu peux nous citer les rappeurs FR et US que tu apprécies ?
En France je place dans le désordre et toutes générations confondues : Casey, Lino, Alpha Wann, REDK, Youssoupha, Niro, Ninho, et en cainri : J.Cole, Kendrick, Andre 3000, Notorious Big.
Comme disait Sulee B Wax des Little MC à l’époque, « le rap est ta vie » ou tu as une autre passion à coté ?
Le rap, la danse et mes enfants sont les choses qui font que je suis encore en vie aujourd’hui.
Tu peux nous parler de tes futurs projets ?
La BT3 (Blue Tape Volume 3) avec soFLY pour 2020 et un projet plus collectif mais ça j’en parlerais en temps voulu. Et puis toujours mes projets d’événements dans la danse et mes ateliers Dance Your Flow.
Un mot de la fin ?
Je déteste les mots de fin !
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