Né à Paris, Grödash grandit au Congo, qu’il quitte suite à la guerre civile. L’adolescent atterrit alors dans le 91, aux Ulis, vraie pépinière de talents au milieu des années 90. Avec ses acolytes d’ Ul’team Atom, Grödash enchaîne mixtapes, maxis et albums. L’échappée en solitaire aura lieu en 2006 lorsque l’artiste sort Illegal Muzik, en parallèle de son engagement auprès des femmes congolaises, reprenant le flambeau de ses parents militants en exil. Pratiquant d’un rap parfois influencé par le sud des USA mais lorgnant le plus souvent vers un boom bap sans concession, Grödash revient avec nous sur son parcours inspirant.

Salut Grödash, peux-tu nous parler de tes premiers pas dans la culture Hip Hop ? Par quelle discipline tu as commencé ?
Au début on regardait les vidéos de l’émission de Sidney du coup ça voulait un peu tâter la danse puis le graff mais c’est le rap qui a pris le dessus via l’écriture et le beatmaking à mes débuts avec mon groupe Ul’team Atom

Quels étaient les rappeurs/rappeuses qui t’ont inspiré ou influencé à tes débuts ? Ce sont toujours les même aujourd’hui ?
Côté rap français j’ai beaucoup écouté Les Sages Poètes de la Rue, La Cliqua, Time Bomb, Ministère AMER… c’est un peu la base de mon style.
Côté US beaucoup de cliques new-yorkaises avec le Boot Camp Click, le Wu Tang Clan, The Lox ou encore Diplomats. On s’est vraiment buté au rap et au fur et à mesure des époques on écoute de nouveaux trucs mais les classiques reviennent toujours.

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Grödash – Photo © Ronan

Tu as grandi aux Ulis, dans l’Essonne, qui pour moi a toujours été l’une des villes les plus Hip Hop du 91, après toutes ces années penses-tu qu’elle l’est toujours autant ?
Oui on a un gros vivier de talents, une vraie pépinière. Jetez un œil à la vidéo de Anis Rhali Le 9.1 sait-il rapper ?, vous en aurez un bel aperçu. C’est dans les veines chez nous, dans l’eau du robinet selon certaines rumeurs. 

D’ailleurs en parlant des Ullis est-ce que tu sais s’il y a un retour prévu des battles Dégaine ton Style ?
Secret défense.

Si on te dit « esprit Hip Hop » tu penses à quoi ? C’est un concept toujours d’actualité selon toi ?
« Kicker Représenter Revendiquer » : c’est un gimmick de mon cousin Fik’s Niavo et je trouve que ça nous ressemble bien. Toujours d’actualité ça bouge pas. 

Selon toi, est-ce que ça devrait être une obligation pour tout rappeur de connaître un peu chacune des disciplines du Hip Hop ?
Pas spécialement. On demande pas aux graffeurs de poser des couplets. Chaque discipline est tellement vaste et complexe qu’une seule vie ne suffit pas pour tout maîtriser.

Et toi, en dehors du rap est-ce que tu t’intéresses aux autres disciplines artistiques du Hip Hop telles que le graffiti, le breakdance ou le DJing ? Si oui quels sont tes artistes préférés ?
Oui je m’intéresse à toutes les disciplines mais malheureusement je vais à très peu d’expositions ou de vernissages. On est plutôt dans la transmission avec l’association #FMV Flymen Vision et on collabore à travers des ateliers pour les jeunes ou des fresques pour nos clips avec des talents comme Bust The Drip qui bosse avec Hopare, Deask de la team LBN, Htag Art de Montreuil; côté DJing toujours DJ Myst, DJ Blaiz et DJ Idem avec qui on bosse souvent, c’est des tueurs.

Si tu devais choisir un titre qui représente parfaitement ce qu’est la culture Hip Hop pour toi, tu choisirais qui ?
La perfection est toujours subjective, je dirais qu’un de mes albums préférés est Opera Puccino et un groupe bien Hip Hop ça pourrait être la Fonky Family ou le Saïan Supa Crew.

Tu es un artiste présent sur de nombreux featurings depuis des années, parmi toutes ces collaborations, quelle est celle qui t’a le plus marqué ?
91 Super Thugz c’était quelque chose ! Y’a aussi le freestyle Sucré Pimenté avec Oxmo qu’on a joué sur scène au Zénith, la rencontre avec ATK… En vrai chaque connexion a sa spécificité.

Est-ce qu’il y a un featuring que tu aurais rêvé de faire ?
Un million avec des passés ou actuels. J’suis grave inspiré en ce moment.

Parmi la multitude de projets que tu as sorti, en solo ou avec ton groupe Ul’Team Atom, quel est celui de qui te tient le plus à cœur ?
C’est La vie de rêve sorti en 2008.

Dans quel état d’esprit tu étais pour ton premier solo en 2006 ? Tu peux nous faire partager ton ressenti et ce que tu en as retiré avec le recul ?
La dalle, la rage du simba… Tout est dit dans J’attends mon heure ou Joue Grödash. J’avais l’ambition de marquer mon nom dans la légende de ce Mouvement. 

En avril 2021 tu as sorti le EP Ghetto Littérature dont l’Afrique était la thématique générale, pourquoi ce choix ?
J’ai passé trois ans là-bas avant de sortir de ce projet mais ça ne parle pas que d’Afrique, il n’y a qu’un seul titre qui en parle vraiment d’ailleurs. 

Tu as des origines congolaises, as-tu déjà pensé à travailler avec des artistes de là-bas ? Est-ce qu’il y a des rappeurs congolais dont tu suis le travail ?
Oui j’ai produit pas mal d’artistes au Congo via la structure 243 Street. Je vous invite à aller découvrir ce qu’on a réalisé sur YouTube. 

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Grödash – Photo © Ronan

À quel moment de ta vie tu t’es dit que ton métier serait d’être rappeur ?
Quand ça a commencé à payer ! Faut pas se mentir, avant c’est juste un rêve de gosse.

Nous allons parler maintenant de ton processus de création : comment tu choisis tes instrus ? Tu composes ? Ta méthode de travail, c’est d’abord le texte et ensuite le son ou l’inverse ?
D’abord l’instru ensuite le texte, je choisis souvent avec mon gars Dim’s dans les palettes qu’on reçoit, on trie et on attaque. 

Parle-nous un peu de tes beatmakers préférés ?
Y’en a beaucoup dont j’aime le travail. Harry Fraud, Alchemist aux States… En France DJ Duke (RIP), CasaOne, Coazart… Au bled Stonik Killer, Mukendi, Mø Beats… Il y’en a vraiment beaucoup, ça dépend de mon mood

Tu te sens à l’aise sur tout type d’instru ou tu as un style privilégié ? 
Je suis tout-terrain… Mais le boom bap c’est la maison mère. 

Quel est celui de tes titres qui représenterait le mieux qui tu es en tant qu’artiste et être humain ?
C’est Lever l’encre dans l’album Enfant Soldat.

Tu reviens d’un voyage au Congo où tu as créé en 2015 une Banque Sociale et Solidaire pour aider à l’autonomisation des femmes congolaises, qu’est-ce qui t’as motivé pour cette action ?
Le parcours de ma mère Georgette Biebie Songo, grande activiste de la lutte contre les violences faites aux femmes. Elle a inscrit deux articles dans la constitution congolaise, c’est mon modèle dans la vie, je l’accompagne sur ce projet. 

Ton nouvel album Monnaie Time est sortie le 21 janvier 2022, peux-tu nous en dire un mot ?
C’est le retour du rap français bébé ! Des punchlines, des thèmes, de la mélodie, y’a de quoi bien abreuver ses oreilles. 

GRÖDASH – Thérapie – 22 janvier 2022

Pour finir est-ce que tu peux nous faire le top 5 des rappeurs/rappeuses qui t’ont le plus marqué ?
Impossible !

Merci Grödash, un mot de la fin ? Une dédicace ?
Dédicace à Flymen Vision #FMV, Addictive Music, Ul’Team, Anne-Sophie, MOBL et restez à l’écoute ! 


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Interview réalisée par Specta et Mayleen. Merci à Anne-Sophie Mattéi.