Resolute – The Last Horizon

RESOLUTE

The Last Horizon
Format : Album 11 titres
Année : 2014
Localisation : USA (Chicago)
Production : BBZ Darney, Molemen, Mr. Green, Vherbal, Kyo Itachi, Symphonik Bang, June Marx, Crown Grimreaperz
Featurings : AZ, June Marx

Quand on évoque Chicago, on pense tout de suite à la finance et à la grandeur des États-Unis à travers ces immenses buildings. Quand on y ajoute « rap », on pense forcément aux poids lourds qui ont porté la ville tel que Kanye West, Twista, Common, Lupe Fiasco, Molemen, Do Or Die… et plus récemment les Cheef Keef, G Herbo, Lil Durk et toute la scène drill.

Mais aujourd’hui, je viens vous parler d’un artiste qui s’est fait seul ou presque. À en écouter l’album, on pourrait dire qu’il vient de New York, du Queens par exemple. Mais en réalité aujourd’hui, est-ce que les états ont tous leur propre son ? Je ne pense pas. Bien que New York fut longtemps considérée comme la Mecque du Hip Hop et à juste titre, il faut aujourd’hui regarder ailleurs. Si vous voulez être servi en bon son et notamment en boom bap et en prods qui sonnent nineties, alors venez faire un tour avec moi durant une courte virée de 30 minutes.

Resolute est un MC aux origines suisses et suédoises, né et élevé à Elgin dans l’état de l’Illinois. Cependant, c’est sur la scène Hip Hop de Chicago qu’il s’est épanoui en tant qu’artiste. En 2010, Resolute a commencé à considérer la musique d’un point de vue plus commercial et de façon plus sérieuse, créant un réseau de connexions internationales, étudiant tout en façonnant son plan d’action et en visualisant davantage ce qu’il voulait exprimer à travers sa musique. Après avoir voyagé aux États-Unis, au Canada, au Mexique et en Europe occidentale tout en retranscrivant son expérience de vie et en gagnant en notoriété à l’échelle internationale, Resolute vit désormais à Berlin, en Allemagne.

Le paysage sonore conçu à travers The Last Horizon, son seul album à ce jour, capture l’essence incarnée par Resolute. L’album offre un aperçu approfondi du style du rappeur qui se concentre spécifiquement sur les expériences qui font de lui l’individu unique qu’il est. Resolute décrit The Last Horizon comme « franchissant la dernière étape de la réalisation du voyage de la vie et incarnant un potentiel illimité ».

Clairement c’est orienté boom bap et on sent les influences de Nas et autres paroliers de l’âge d’or. On y retrouve d’ailleurs à plusieurs reprises des passages samplés du rappeur de Queensbridge. La majorité des scratches sont assurés par DJ Kwestion (proche des Jedi Mind Tricks et maître des productions au piano). Concernant les beats, Resolute s’est entouré d’une équipe de choix : Memo et Panik des Molemen, BBZ Darney, Crown Grimreapaerz, Mr. Green, le français Kyo Itachi, Vherbal et Symphonik Bang. On voit clairement une ligne directrice et des choix bien précis dans ce projet car tout tourne autour d’un rap qui fait bouger le cerveau avant le corps. On constate aussi que son tour du monde lui a permis de réunir des producteurs européens et américains.

Quant aux featurings, ils sont au nombre de deux : AZ et June Marx. Sur Only Natural le trio AZ/Resolute et Mr. Green à la prod a donné le meilleur de lui. Le son aurait largement mérité un single et aurait aisément pu être la vitrine du disque. Rien à jeter, juste à laisser tourner, qualité en quantité…

Néanmoins, si on repart au début, on ne peut que souligner la magnifique introduction digne d’une ouverture d’un film. Life Or Death signé par l’excellent beatmaker de Chicago, Memo (des Molemen). L’instru pleine de variations est soutenue par les scratches de DJ Kwestion. Le MC a une voix assez gracieuse et colle bien au morceau sans pouvoir vraiment dominer ou magnifier le morceau.

Le titre Beyond The Lines nous amène ailleurs, la réflexion y est plus profonde, l’instru plus posée, composée par BBZ Darney, est un bijou. La production colle parfaitement au débit du rappeur qui s’approprie très bien le son. Ce qui méritait bien un clip…

Bizarrement, le morceau qui suit (Authentic), renvoie directement au premier titre mais en bien plus violent et rugueux. Il est assez court et c’est pas plus mal car le tout peut vite sembler répétitif, malgré toute la qualité, on ne s’attardera pas dessus.

Il faudra s’en remettre à The Last Of Us avec June Marx pour voir un rap plus soft après le titre Dark Knight, de loin le morceau le plus sombre du disque. En aucun cas, la qualité n’est remise en cause mais il faut aimer ce genre de sons qui peuvent se ressembler et faire décrocher. Et si l’album est par moment plus épuré, plus mélodieux, c’est en partie grâce à l’immense talent des Molemen qui viennent apporter des carillons, des violons…, eux qui sont habitués à incorporer de la harpe, de l’harmonica, des flûtes et toute sorte d’instruments qu’on n’entend pas souvent dans le rap.

L’autre gros son notable est On Arrival où Resolute parle de survie au quotidien et dans la vie en général. On sent qu’on arrive aussi sur la fin du projet et tout ce qui commence en haut, finit en bas. L’atmosphère change et les samples jazz et smooth font leur entrée. L’album se termine donc sur une touche qui pousse à la réflexion et qui contraste littéralement avec le coté rugueux et sombre du début. Ce qui fait de l’album un projet complet qui passe par toutes les émotions.

Clairement, on tient quelque chose, un talent en devenir avec un format court mais efficace, à mettre dans toutes les oreilles des fans de boom bap et des amoureux du son new-yorkais. Les samples ne devraient pas les dépayser ! On est très loin des standards du rap actuel ou du son que Chicago propose ces dernières années. Cependant l’album mérite vraiment l’écoute et l’attention particulière des fans de rap.

Concernant l’actualité de l’artiste, c’est le néant. Il a formé le groupe Heavy Artillery avec June Marx et ont sorti un projet en 2015 avec DJ Ambideckstriks nommé Endless Winter. Resolute se fait maintenant appeler Samuel The Prophet.



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Chronique écrite par Fathis