Parmi ceux qui ont fait l’histoire du rap français, la Scred Connexion est l’un des rares groupes avec une telle longévité à avoir su conserver la fidélité de son public tout en préservant ses valeurs : « Jamais dans la tendance, toujours dans la bonne direction », le rap de la Scred Connexion est parfaitement résumé par ce slogan.
Aucun autre groupe n’aura aussi bien représenté le 18ème arrondissement de Paris, et plus particulièrement le quartier de Barbès. Quand on pense à la Scred on pense directement au 18ème ?
Oui le collectif Scred Connexion composé des rappeurs Mokless’, Koma, Morad et Haroun est né dans le 18ème, « Bezbar tu connais le boulevard… »
Quand est-ce que le groupe est né ?
Le groupe est né en 1998 , comme la première coupe du monde française !
Votre style parigot est différent du style de banlieue mais malgré ça, vous avez réussi à vous faire connaître tout en gardant votre identité. Quelle est votre formule ?
Un peu de vérité, un peu de message, un peu d’humour et de recul, un peu de nostalgie, un peu de punchlines… et beaucoup de sincérité dans la plume.
Au fil du temps, la Scred s’est aussi investie dans la production d’artistes rap. Pouvez-vous nous parler d’eux et pourquoi ce choix d’artistes ?
On dit que « le premier rappeur produit par la Scred est une rappeuse ! ». Fanny Polly est non seulement différente de ce que l’on pourrait attendre d’un artiste produit par la Scred, mais aussi par rapport à ce que l‘on entend généralement en ce moment, elle sait allier la modernité des sonorités et des flows actuels avec les bases de ce qui se fait dans le rap plus classique, elle est danseuse de formation et cela ramène aussi un plus sur scène et dans les clips.
« Le premier rappeur produit par la Scred est une rappeuse ! »
Fanny Polly est donc la première MC produite par Scred Production, elle fait du rap d’aujourd’hui tout en gardant un style Hip Hop très authentique. Pouvez-vous nous dire ce qui vous a attiré chez elle ?
Fanny Polly est avant tout passionnée et talentueuse. On dit souvent que la génération actuelle n‘est pas Hip Hop car elle ne s’intéresse pas aux autres disciplines originelles que sont la danse, le graff, le DJing et le beatbox. En fait, la génération de Fanny a été influencée par ces pratiques mais aussi par le sport, les mangas, le skate, le tatouage, les jeux vidéos… Ils ont finalement rajouté des extensions aux disciplines de base, aujourd’hui il y a des réalisateurs Hip Hop, des dessinateurs Hip Hop , des stylistes Hip Hop… On pourrait dire : c‘est mieux qu‘avant !
Depuis quand avez-vous lancé la Scred Boutique ?
Au départ on voulait juste faire notre propre site pour communiquer et mettre nos infos concerts, etc… et puis on a développé ça en suivant le rythme qu’internet imposait. L’idée était surtout d’être notre propre média et de réunir les labels autour de nous pour gagner en visibilité, le rap indépendant était très désordonné il y a 5-6 ans et les gros sites n’en parlaient pas. On a intégré la boutique au site car il n ‘existait plus de shop «disquaire» sur Paris, on voulait vendre nos disques et ceux des MC’s qu’on connaissait, ça nous faisait du stock à garder chez nous jusqu’à ce que, à cause des cartons de disques qu’il y avait partout, on n’ait plus de place. On a donc trouvé un local et on s’est lancé dans l‘aventure, la Scred Boutique était née !
J’ai aussi trouvé votre magazine intéressant, voire indispensable, car il regroupe toutes les branches de ce qu’est le Hip Hop. Je trouve que c’est audacieux de se lancer dans un tel projet, mais pensez-vous qu’aujourd’hui, il est encore possible de vendre de la presse papier ?
La presse papier n’a plus vraiment d’avenir au niveau du Hip Hop, tout se joue sur le web. Notre fanzine nous le faisons comme un bel objet, nous l’offrons aux gens qui sont un peu collectionneur .
Quels ont été vos coups de cœur en rap français ces dernières années ?
Il y a Fayçal, Youssef Swatt’s, Nefaste, Melan et Hexaler entre autres.
Pouvez-vous donner 4 noms de DJs, 4 noms de graffeurs et 4 noms de danseurs dont vous aimez bien le travail ?
DJ : Sims , DJ Idem , DJ S-One , DJ Metodkilla, DJ Nelson …
Graffiti : Mode2 , Profecy , Méo (R.I.P), Diksa , Thor , Eyone et le crew TPK , Tom Wild Sketch.
Danse : Karima et la team Aktuel Force, Liloo et la team Street Off de Lyon , Fanny Polly et Xpression d Art’corps , la team Lady Rocks.
« Aujourd’hui il y a des réalisateurs Hip Hop, des dessinateurs Hip Hop, des stylistes Hip Hop.
On pourrait dire : c‘est mieux qu‘avant ! »
À votre avis que sera le rap en 2040 ?
Disparu comme le funk… Partout et nulle part… Dissolu comme un sucre dans l’eau des autres musiques…
Quel conseils donneriez-vous à un jeune artiste qui se lance dans le rap ? Professionnellement et artistiquement parlant.
« Ce sont les mêmes gens que tu croises quand tu montes et quand tu descends ! » Faire attention, se renseigner, tenir ses promesses et respecter son public.
Préparez-vous un nouvel album ou envisagez-vous d’autres projets professionnels en dehors de la musique ?
Pour le moment on est plutôt sur la prod. de Fanny et le développement du label avec des nouveaux artistes. En janvier 2020 il y a eu la 5ème édition du Scred Festival, on continue à préparer d’autres choses comme le Scred Magazine et on a un nouveau son sorti en février dernier : Résiste Encore !
Un mot de la fin ?
Toujours dans la bonne direction !
Retrouvez la Scred Connexion :
Scred Boutique : https://scredconnexion.com
Scred Magazine : https://scredmagazine.com/
