Azaia, fondateur du label Brain Connection 1978, est un beatmaker qui se distingue par des projets audacieux et une vision artistique affirmée. Avec un catalogue foisonnant et des collaborations prestigieuses, Azaia redessine les contours du beatmaking en France et bien au-delà. Plongeons dans son univers musical pour découvrir les influences et les références qui ont façonné le beatmaker talentueux qu’il est devenu.

Azaia © Sonia Bela
Azaia © Sonia Bela

MUSIQUE(S)

Bonjour Azaia, première question : On écoutait quoi chez toi quand tu étais enfant ?

Bonjour T-Rex. Très peu de musique en fait. J’ai été élevé par mes grands-parents maternels, la plupart du temps la télé servait de bruit de fond. 

Tu nous racontes un souvenir d’enfance lié à la musique ?

La plupart des copains du quartier, qui avaient la chance de partir en vacances l’été, retournaient au bled. Moi c’était l’Espagne, Roquetas de Mar, Sesa (le village natal de mon grand-père), la Costa Brava aussi. Dans mes premiers souvenirs liés à la musique, je me revois assis en train de regarder un membre de la famille improviser un flamenco à la guitare, une cousine qui danse dessus, avec tout le folklore autour. 

Est-ce que tu te rappelles du premier concert où tu es allé dans ton enfance ou ton adolescence ? Qu’est-ce qui t’a marqué ? 

Le concert de Kassav qui a eu lieu au Blanc-Mesnil au milieu des années 80. Sous un chapiteau, du monde partout, on se faufile où on peut pour voir ce qu’il se passe sur la scène. Je n’avais pas du tout conscience de qui était ce groupe et quelle fierté il procurait à un peuple entier.

Quel est le premier disque que tu as acheté ou qu’on t’a offert ?

Le premier vinyle que j’ai eu était celui auquel mon père avait participé en tant que chanteur et choriste, de la musique antillaise. Je regardais les photos sur la cover quand ça me venait, j’observais mon père à travers ce disque en me posant 1000 questions. Je l’ai écouté bien plus tard quand j’ai eu une chaîne Hi-Fi, ce disque est toujours dans ma collection, il faudrait que je le sample un jour. Sinon le premier album rap que m’a offert un de mes cousins, est le premier album des  Leaders Of The New School, A Future Without A Past. Avant ça je n’avais rien d’original, juste quelques cassettes dupliquées ou enregistrées à la radio. 

Leaders Of The New School – A Future Without A Past [album complet]

Quel a été ton premier contact avec la culture Hip Hop ?

En bas de mon bâtiment, au 16 (j’ai détaillé cet endroit et plus encore dans le livre de Franck Da Cockroach, We Can’t Be Stopped), comme beaucoup de gens de ma génération, le premier contact s’est fait par la danse, en voyant des gars faire des contorsions sur des cartons. Dans mes souvenirs lointains, je les observe discrètement en me disant « Mais qu’est ce qu’ils font ? » et surtout « Comment le font-ils ? ». Tout s’explique avec le temps.

Aujourd’hui, que représente la culture Hip Hop pour toi ?

Un mode de vie, un moyen d’expression, une autre façon de se cultiver. 

Quel titre, pour toi, est le plus représentatif de la culture Hip Hop ?

Peut-être The Message de Grandmaster Flash & the Furious Five

Est-ce que tu pratiques ou as pratiqué une autre discipline artistique Hip Hop ? Comment y es tu venu ?

On a tous essayé de danser au début, rien de sérieux pour ma part. Avec ma première paie en 1994, j’ai acheté deux platines pour écouter du son, sans autre prétention. Comme je n’ai pas de talent pour le dessin, j’ai toujours évité le graffiti. La musique m’attirait mais je pense que j’aurais été le pire DJ de Paris si j’avais tenté le coup. Je me suis aussi essayé à écrire des textes pendant un moment. Seuls quelques potes savaient que je rappais en cachette sous le pseudo d’Azaia. Une connaissance du Blanc-Mesnil, Asco, m’avait proposé de faire un groupe avec lui vers 1995, bien avant qu’il monte Bunzen, mais j’avais décliné. Je me voyais plus basketteur que rappeur honnêtement. J’écrivais des textes pour vider mon sac, une sorte de thérapie, mais j’étais bien trop timide ou pudique pour exposer quoique ce soit à un plus grand nombre. 

Quel était ton beatmaker favori à l’adolescence ? Est-ce toujours le même aujourd’hui ?

Q-Tip pourrait être un des favoris.

Et celui qui t’as le plus inspiré à tes débuts ? Pourquoi ?
Kyo Itachi
sans hésitation. C’est chez lui que j’ai vu pour la première fois une MPC de mes yeux, au début des années 2000. Pas de coup de cœur de prime abord, le basket était encore mon centre d’intérêt principal. Il a commencé avant moi donc j’ai pu l’observer tapant les pads, construire ses premiers beats. Peu de temps après, j’ai contracté une blessure au dos qui m’a tenu loin des terrains et c’est à ce moment-là qu’il m’a dit « Tiens, je te la prête pour tester.» Quelques prods plus tard, il m’en fallait une. J’ai senti le potentiel d’expression infini. Si je fais du son aujourd’hui c’est vraiment grâce ou à cause de lui.

Peux-tu nous citer un titre, ou un (ou une) artiste que tu aimes particulièrement mais qui ne fait pas l’unanimité dans ton entourage ?

Je n’en ai vraiment aucune idée. Par contre je me rappelle que Kyo était un fan inconditionnel du Wu, il achetait tous les disques parus sous cette bannière. Il avait réussi à apprécier le Bobby Digital.. J’adore RZA en mode Wu-Tang ou avec son autre crew Gravediggaz. Mais ce projet concept je n’ai jamais pu, faudrait lui demander s’il l’écoute encore (rires).

Quel est le style musical que tu ne peux absolument pas écouter ? Pourquoi ?

La country.

Quels styles musicaux hors rap écoutes-tu régulièrement ?

De l’ambient, des bandes originales de films, du jazz. J’écoute de tout, ou presque, en essayant de saisir les subtilités ou pas.

Tu peux nous citer quatre albums hors rap que tu conseilles d’écouter ?

Buddy SativaDeus Ex Machina 

FungiTendre Jeudi

Dan Amozig & Yann KornowiczVideoclub

JATOBA (A Cat Called Fritz & Lanoir) je viens d’entendre leur intro, ça me donne envie d’en écouter plus.

Est-ce que tu nous avouerais un de tes petits plaisirs musicaux « coupables » ? 

Voyage, Voyage – Desireless ! Non je rigole…!

Quelles sont tes pratiques d’écoutes musicales préférées ? Vinyle, CD, MP3, streaming ? Dans la voiture ? Au casque ? En faisant du sport ? Fond sonore permanent ? etc…

J’ai beaucoup tourné avec un walkman cassette dans mes jeunes années mais sinon je suis porté sur le vinyle et le CD. Un vrai jeune vieux, bloqué, diront certains. J’écoute aussi pas mal de trucs sur YouTube. La musique pour moi c’est partout, tout le temps.

Quel est l’artiste dont tu n’as jamais entendu un mauvais titre ?

Je ne suis pas encore tombé dessus. (rires)

Cite-nous un ou une artiste qui selon toi n’est pas assez connu-e ou reconnu-e ?

Quand on fait de l’art, quel que soit le domaine, est-ce plus important d’être connu ou d’être compris ? Voire apprécié pour les bonnes raisons, peu importe le nombre ? C’est la question que je me pose depuis un moment. On est pas mal à attendre ou à chercher cette visibilité mais à quel prix. Je pars de l’idée que tout n’est qu’expression. Si le destin est de toucher un minimum ou un maximum, c’est comme ça. Chacun a le sien.

Quels sont tes 4 albums rap US favoris ?

Cannibal OxThe Cold Vein

Camp LoUptown Saturday Night

A Tribe Called QuestMidnight Marauders  

XzibitAt The Speed Of Life

Et en rap français ?

Oxmo PuccinoOpéra Puccino

IAML’école du micro d’argent

RoccaEntre Deux Mondes

Les Sages Poètes de la rueQu’est ce qui fait marcher les sages?

Mais aujourd’hui c’est ça, demain ça sera autre chose. 

Tes 3 punchlines de rap préférées ?

Rocca : « Apprenti reur-ti contente-toi de ce qu’on t’a pas encore pris. Une liberté, une femme qui t’aime et que ton biz nie. »Aux Frontières du Réel dans l’album Entre Deux Mondes

Oxmo Puccino : « J’suis d’la race la plus haïe du monde, ça fout les jetons. J’ai le monde entier plus les frères qui veulent que je tombe »Visions de vie dans l’album Opera Puccino

Maj Trafyk : « Éreinté la vie nous a chawayé de fou façon meringué, j’veux pas être riche, j’veux pas être pauvre, les deux veulent s’flinguer » – dans Mensonges Et Make Up de Hill G (X-Men)

Mensonges Et Make Up – Hill G (X-Men)

Quel artiste ferais-tu écouter à quelqu’un qui n’aime pas le rap pour le convaincre que le rap c’est bien ?

C’est tellement dur de convaincre et encore plus de nos jours. Je n’aime pas forcer, donc la personne qui n’aime pas le rap, je la laisse tranquille. Moi même des fois le « rap » m’irrite donc je peux comprendre.

Écoutes-tu du rap d’autres pays que la France et les USA ? Quels sont les artistes que tu préfères ? 

J’ai eu ma période rap allemand avec Afrob, Curse, Samy Deluxe et d’autres. J’ai découvert cette scène sur la chaîne de télé ViVA dans les années 90. L’artiste qui m’avait cloué là-bas s’appelait KC Da Rookee, il traînait dans ce mouvement mais lui était originaire d’Angleterre. Le destin a fait que l’on s’est connecté 10 ans plus tard et que deux de nos morceaux figurent dans son dernier album studio, Chosen.

Quel est le son dont tu ne te lasseras jamais ?

Sound Bwoy Bureill de Smif-N-Wessun

En ce moment, tu écoutes quoi ?

L’album de Mach Hommy#RICHAXXHAITIAN. J’écoute aussi un artiste espagnol qui se nomme Escandaloso Xposito : il rappe, produit et joue du sax. Sa musique n’a rien d’extraordinaire mais ça me parle. Sinon mes derniers coups de cœur sont le morceau MMS des artistes nigérian  Asake & Wizkid et Beverly Drive de Erick The Architect.

Quel est ton G.O.A.T (greatest of all time) album ?

The Low End Theory de A Tribe Called Quest

Cet album est devenu mon coup de cœur instantanément. Je ne comprenais rien aux paroles mais la vibe, l’énergie, la chaleur des sons, c’est indescriptible. Tous les disques que j’ai aimé et acheté au début, je n’avais aucune idée de ce qui se disait dans les paroles. Le ressenti faisait tout.

BEATMAKING 

Qu’est-ce qui t’as donné l’envie d’être beatmaker ? 

Le challenge qui s’offrait à moi. Repartir de zéro et essayer de faire quelque chose de concret.

Te souviens-tu du premier titre que tu as composé ?

Mon premier beat non, j’ai du essayer de l’effacer de mon subconscient (rire), par contre mon premier placement sur disque oui, bien sûr…

On n’en sauras pas plus donc ! (rires). Tu préfères quel terme pour te qualifier ? Beatmaker ? Producteur ? Compositeur ? 
Producteur, soyons fous ! Beatmaker, c’est limite réducteur quand on a l’impression de faire plus que ça.

Tu joues d’un ou plusieurs instruments ? Si oui, quand et comment as-tu débuté ?
J’ai quelques instruments dans mon studio que j’utilise mais pas du tout à la manière d’un musicien qui parlerait avec son instrument. La seule chose que je maîtrise est ma machine. J’essaye de capter des instants avec et d’en faire quelque chose de musical.

L’instrument que tu préfères utiliser pour tes beats ?
Basse, saxophone.

Tu travailles sur MPC ? Plutôt à base de samples ou en composition pure ?
Je travaille sur MPC, Maschine et SP. Large Professor disait : « ma musique est une composition à base de sample », je me reconnais là-dedans.

Quel est le rappeur/la rappeuse avec qui il a été le plus facile de travailler ?
Sans donner de nom, l’artiste qui te fait confiance est l’idéal. Celui qui cherche ce que d’autres font, est le pire sentiment.

Un rappeur pour qui tu aimerais ou aurait aimé produire (passé ou présent) ?

Pharoahe Monch du groupe Organized Konfusion sans hésiter. On le connaît, en solo c’est une légende. J’ai eu l’occasion d’échanger avec lui et de lui envoyer quelques prods grâce à Marco Polo, mais rien n’a été concluant malgré des mots encourageants. Ce jeu n’est pas facile. J’aurais aimé (j’aimerais) le produire un jour (avant qu’il ne soit trop tard) mais je n’en fais pas une fixation. J’ai sûrement encore du boulot avant de le convaincre, après qui sait, un jour « sur un malentendu » comme dirait Jean Claude. En 2025 on verra, je retenterais sûrement ma chance, ou pas.

Quel est le style de musique qui t’inspire le plus pour composer ?
La vie, mon humeur du jour et les disques que j’écoute au moment où je cherche des sonorités pour traduire ma pensée.

Un titre/album/artiste/genre que tu aimerais sampler mais pour lequel tu n’as pas encore trouvé d’angle d’attaque satisfaisant ?

Je suis de l’ancienne école qui dit que tout ça doit rester secret. 

Tu peux nous citer deux/trois albums qui pour toi sont des mines à samples ?
Je vais déroger à la règle pour une fois. Je vais citer Trouble Man de Marvin Gaye, c’est un superbe disque à écouter et une mine d’or en termes de sonorités.

Quel est le sample que tu aurais aimé avoir trouvé ?
J’aurais aimé tomber sur la discographie de Bob James et David Axelrod avant les autres.

Et quel est le sample impossible à utiliser car trop intemporel ou déjà parfaitement utilisé ?Rien n’est impossible. Avant, le challenge était de trouver le sample en premier pour le record sur disque et avoir ce tampon. De nos jours il n’y a plus de règles.

Un titre que tu aimerais avoir composé ?
Tout n’est pas si facile de NTM. Gros big up au frère DJ Clyde !

Quel est le rappeur ou la rappeuse dont le talent mériterait de meilleures prods selon toi ?Elle est dure cette question. Je vais dire Eminem, très fort mais la production n’est pas du tout à mon goût. On parle quand même d’un des plus gros vendeurs de rap, acclamé par la plupart. J’aimais bien ses débuts avec Rawkus, quelques fulgurances dont le Remember Me en feat. avec Sticky Fingaz et RBX mais la plupart du catalogue me passe par dessus à cause du choix de ses instrumentaux.

Quel est le beatmaker qui pour toi est le GOAT ultime ?
DJ Premier, il combine longévité, productivité, intégrité et touche personnelle, sans parler de la tonne de classiques à son actif avec les meilleurs MC’s de toutes les époques. Jay Dee (J Dilla) est aussi un GOAT, il a changé la musique à tout jamais. Il a fait changer d’avis des musiciens, certains ont même appris de sa façon de frapper les drums sur sa MPC3000 ou de composer. Questlove en parle bien, Amp Fiddler (le premier qu’il l’a initié au sampler – Rip) également.  Une vibe, un esprit, plane depuis son décès. Pas mal se sont inspirés, parfois un peu trop. Je ne pense pas qu’il serait totalement down avec ça. Un livre qui lui est dédié vient de sortir il y a peu, Dilla Time écrit par Dan Charnas, je le conseille fortement. On en apprend plus encore sur toutes les facettes qui le composaient.

DJ Premier – Beats That Collected Dust – Vol.3

COLLABORATIONS 

Tu as créé ton propre label, Brain Connection 1978, où ne sont signés que des producteurs français, comment t’es venue cette idée de label et pourquoi ? 

Le label a été fondé en 2017 pour être précis, avec le premier projet officiel de mon groupe Jupiter AKA que je compose avec Kyo Itachi et Astronote.
Cette création est une histoire de challenge tout simplement et d’envie. Après un solo sorti sur le label Marvel Records en 2014, il fallait que je trouve une nouvelle direction pour avoir toujours cette impression d’avancer ou en tous cas de ne pas me répéter. Donc, après une grosse remise en question et quelques discussions avec mon ego, j’ai décidé de monter un label dédié au beatmaking français.

Quels beatmakers sont sur ton label ?

Depuis sa création, Brain Connection 1978 a sorti 13 projets officiels et quelques bootlegs, avec des artistes tels que : Kyo Itachi, Beus Bengal, Ulmikundura, Dateknician, Kheyzine, Pf Moriarty, Corben Wallace et Mr. Hone. Sans oublier Mil Beats et Jehli avec qui j’ai collaboré pour des duos et quelques compilations instrumentales qui ont réuni pas loin d’une cinquantaine de producteurs dont Dagui, Eric Blaze, Le Chimiste, Mani Deiz, Onra, Dela, Leksa, Monomite, Kool A, Parental, BigLeust et bien d’autres.

Tu collabores souvent avec Kyo Itachi ? Comment fonctionnez-vous ? 

Au feeling. On se rejoint sur deux points depuis le départ : la passion et le kiff de créer de nouveaux projets. Nous avons fusionné notre musique à nos débuts puis nous avons créé nos propres parcours, notre propre patte tout en s’invitant sur nos projets respectifs. La depuis peu on s’est remis à faire des productions à deux sous le pseudo Jezappellegroot, encore une déconnade entre nous.

Kyo Itachi et Azaia par Yann Cressent
Kyo Itachi et Azaia © Yann Cressent

Parmi toutes vos collaborations avec Kyo Itachi, quel est ton titre favori ?

Le prochain parce qu’il n’existe pas encore, mais on l’a imaginé dans nos têtes. Maintenant faut le produire et placer les pièces du puzzle.

Et parmi les titres de Kyo Itachi, sans toi, tu as un favori ?

J’aime beaucoup son titre The Shell sur son album nommé Musikyo. Dès qu’il m’a fait écouter l’instrumentale, je savais que ça allait donner un bon morceau.

Dernièrement tu as collaboré avec Mil Beats (qu’on a connu avec EFFISCIENZ) vous avez sorti l’album Where Miracles Can Happen , comment vous vous êtes retrouvés à travailler ensemble ?

Super expérience avec Mil, très fier du projet. Ça faisait au moins une dizaine d’années qu’on échangeait sur la musique en général et sur nos disques respectifs. C’est lui qui, au fil de nos discussions, a eu la bonne idée de collaborer sur un titre. La fluidité était tellement palpable qu’on a naturellement voulu faire un disque, histoire de marquer le coup et notre entente.

Ton titre préféré sur cet album ?
No Shame

Ton label a sorti Power In The Middle de Many Mazes, un album clairement Hip Hop mais avec des rythmiques house/ambient, qui ne sont pas dans tes habitudes, qu’est-ce qui t’as influencé et pourquoi cette envie de changement ou d’évolution vers un autre style ? 

La peur de l’ennui, l’envie d’aller voir un peu plus loin que ce que je m’autorisais avant. J’ai mis du temps à accepter que je pouvais faire autre chose sans avoir l’impression de me corrompre. J’ai été aussi aidé par des gars comme Hugo LX pour franchir le pas. C’est le premier qui m’a dit que je devrais m’essayer à la house, qu’il serait curieux d’écouter ce que ça pourrait donner (lui avait fait le grand saut, pas mal d’années avant). J’ai laissé l’idée germer dans ma tête et un jour je lui ai fait écouter des ébauches. Yann Kesz a été important, aussi, dans ce process mais sans qu’il ne le sache.

Many Mazes est vraiment un projet que je considère comme une « expérience ». Je n’ai pas fait ce disque seul, Jehli et moi avons partagé la production de tous les titres. On a eu de très bons retours sur notre projet, et quelques « toisages », mais on reste donc positifs. L’album Power In The Middle est disponible chez une dizaine de disquaires à Marseille (dont Kako Record Store) et à Paris (chez Musique Avenue par exemple), ainsi que sur toutes les plateformes de streaming. On continue à chercher de nouvelles opportunités pour le promouvoir.

Le 2eme projet sorti en 2024, c’est 87 par Mr. Hone, un album où tu es executive producer. Pour ceux qui ne savent pas, tu peux expliquer le rôle d’un executive producer et plus particulièrement sur cet album ? 

Dans mon cas, Executive Producer veut dire que je suis à l’initiative du projet et qu’il sera mené à bien grâce à mon implication dans tous les domaines, aux côtés du beatmaker pour le choix des titres, la vision, la stratégie et plus encore. Mr Hone a fait un gros travail de digging et de construction, j’adore ce projet. C’est le genre de projet qui pourrait trouver son public. Après c’est toujours pareil, certains disques sont voués à se balader dans des niches mais ça n’enlève rien à leur valeur. À partir du moment où Kankick [producteur califonien bien reconnu dans l’underground depuis les années 90, ndlr] valide la musique de Mr Hone, le reste importe peu. Ça me conforte dans mes choix.

Cela fait maintenant 23 ans que tu es beatmaker, quel est ton plus beau souvenir musical ?

Le jour ou mon père, après la sortie d’un de mes disques m’a dit qu’il était fier de moi.

Si tu devais choisir un titre, que tu as produit, à faire écouter à quelqu’un qui ne connaît pas ton travail, ça serait lequel ?

Move On de Bankai Fam. C’est le titre d’un crew de Brooklyn qu’on a développé il y a plus de 10 ans avec mon équipe de producteurs Jupiter AKA & Venom. J’aime l’interprétation et les textes de Skanks, G-Stats, P General et Cash Bilz dans ce morceau, exactement ce que j’imaginais. Pareil pour la vidéo réalisée par Jules Renault.

Bankai Fam – Move On (Produced by Azaia)

Quels sont les projets prévus sur Brain Connection 1978, ou autres, pour 2025 ?

Le 17 janvier 2025, il y a deux événements : La sortie d’un best of de notre ingé son maison Raheem. Il fallait qu’on fasse redécouvrir son travail à la production. Et je participe à la Beat Tape Session #4 au New Morning à Paris. Busta Flex est en tête d’affiche.

Sinon j’ai un solo en français qui devrait arriver avant l’été, un EP de Jehli , un projet en duo et d’autres surprises comme ce projet instrumental qui devrait sortir prochainement sur AVAH LANCH. On prévoit aussi un concours gratuit pour les beatmakers sur le label. Ça fait un moment que j’ai cette idée dans la tête et on va le faire cette année. 


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Questionnaire concocté par Mayleen & Namor